cours de français pendant au moins deux ans. Mais ces cours se bornent à l’étude de la grammaire et un peu de traduction, et, pour comble d’absurdité, le manuel de grammaire est rédigé en anglais et toutes les explications se donnent en cette langue. Donc les élèves de langue française n’en profitent guère. Voilà le point le plus faible de l’organisation de l’enseignement du français dans notre petite province.“

Comme nous l’avons vu, le discours du délégué de l’île entraîne d’heureuses conséquences. Sensibles aux problèmes des insulaires, quelques organismes canadiens-français prêtent leur concours à l’Association des instituteurs acadiens pour l’organisation de cours d’été en faveur de ses membres. En 1938, le journal nationaliste Le Devoir lance même une campagne de souscriptions destinée à recueillir les fonds nécessaires au financement de ces cours. Aussi, pendant dix ans, des professeurs canadiens-français très compétents viennent à l’île donner des cours d’été qui durent deux semaines. Ils sont envoyés par le Comité permanent de la Survivance française, la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, l’Alliance des profes- seurs catholiques de Montréal et le département de l’Instruction publique du Québec. Le ministère de l’Education de l’île contribue aussi sa part au financement de ces cours“.

En 1940, ces cours ont lieu à Miscouche et la plupart des ensei- gnants acadiens s’y inscrivent. Quatre professeurs du Québec et de l’Ontario donnent des cours d’analyse logique, de composition et de grammaire française. Un autre cours traite de l’enseignement de la lecture aux débutants. Ces sessions d’été s’avèrent très utiles ; de retour en classe, les enseignants s’efforcent de mettre en pratique les nouvelles connaissances acquises“. Pour la première fois, donc, le corps enseignant acadien de l’île a l’occasion de parfaire son éducation française et pédagogique dans sa langue maternelle.

L'éducation des adultes

L'éducation des adultes retient l’attention à plusieurs reprises pendant ces années. Les sociétés de tempérance, qui jouent un rôle assez important dans ce domaine, perdent leur élan au tournant du siècle. Mais à partir de 1894, les cercles de débats deviennent très populaires dans les milieux acadiens. Les membres se rencontrent régulièrement au cours de l’automne et de l’hiver. Un sujet de discussion est choisi à l’avance et lors du débat tous les membres sont invités à exprimer leur point de vue. Un vote s’ensuit afin de déterminer quel aspect de la question a gagné le plus d’adhérents.

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