sur le Mouvement d’Antigonish, programme d’animation socio- économique de l’université St. Francis Xavier. À l’île, le Dr John T. Croteau, professeur d'économie et de sociologie aux collèges St. Dunstan’s et Prince of Wales, dirige le mouvement sous l’égide de l’Adult Education League“. En l’espace de quelques années, pres- que toutes les communautés acadiennes ont un cercle d’études dont le but est de promouvoir et d’enseigner les méthodes propres à assurer le plein développement des communautés sur les plans économique, social, religieux ou éducatif. Ainsi, lors de rencontres régulières pendant la morte-saison, les hommes réunis en petits groupes s’exercent à diriger des assemblées, s’informent du fonc- tionnement des coopératives, étudient les besoins de leurs commu- nautés et organisent des projets en faveur de leur milieu. Ces cercles d’études, où l’instituteur local joue souvent un rôle de premier plan, contribuent d’une façon inestimable à l'épanouissement des commu- nautés acadiennes. On voit apparaître caisses populaires, magasins coopératifs, coopératives de pêcheurs et autres institutions de ce genre. Ainsi, grâce à ces cercles, on s’intéresse davantage aux écoles et certains districts en construisent de nouvelles”.
L'Église et la religion
À la fin du XIX® siècle et au début du XX®°, les Acadiens de l’île semblent à l’abri de la lutte acharnée qui oppose Acadiens et Irlandais au Nouveau-Brunswick au sein même de l’Église. Alors que les Acadiens forment la majorité de la population catholique néo-brunswickoise, tous les hauts postes ecclésiastiques sont occupés par des Irlandais, peu sympathiques à la culture et aux aspirations des Acadiens. En 1890, lorsque les Acadiens commencent à exercer des pressions pour obtenir un évêque de leur nationalité, ils se heur- tent à la forte opposition des Irlandais et de tous les évêques des Provinces Maritimes*!. Ce combat long et difficile absorbe presque toutes les énergies des chefs acadiens. La victoire n’est remportée qu’en 1912 : les Acadiens accueillent avec joie leur premier évêque, Mgr Edouard LeBlanc, nommé au siège épiscopal de Saint-Jean.
La lutte entre Irlandais et Français au sein de l’Église catholique canadienne n’est pas circonscrite au Nouveau-Brunswick. Des luttes semblables se déroulent en Ontario et dans l’Ouest canadien pour les postes hiérarchiques jusque-là occupés par le clergé canadien- français. Le litige concerne avant tout la langue. D’une part, la langue est, selon l’opinion des Canadiens français, gardienne de la
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