issus de leurs communautés, qui laissent leur marque sur la popu- lation acadienne. Les pères Jean Chiasson, Célestin Gauthier, Pierre- Paul Arsenault et François-Xavier Gallant sont parmi les plus remar- quables. Ils se mettent à la tête de divers mouvements socio-écono- miques et religieux dans le but d’assurer le plein épanouissement de la communauté acadienne. On les voit alors promouvoir et défendre l’éducation et la langue française, encourager l’agriculture et la colonisation ainsi que propager la tempérance et la mutualité.

Curés bâtisseurs

Plusieurs curés se lancent dans des projets de construction de ces splendides églises et imposants presbytères qui caractérisent le paysage acadien. Ils poursuivent ainsi l’oeuvre de leurs prédéces- seurs qui, depuis les années 1860 surtout, ont fait construire d’im- posants édifices, tels la belle église en brique de Tignish et la fameuse salle paroissiale de Rustico, construite en grès rouge, qui abritait la Banque de Rustico. Si l’on cherche à rendre gloire à Dieu par ces projets grandioses, les curés veulent aussi doter leurs paroissiens de monuments dont ils puissent être fiers et qui démontrent que les Acadiens, sans être la classe la mieux nantie de l’île, sont capables de grandes et belles réalisations. Sans doute cela ajoute-t-il aussi à la gloire personnelle des curés, responsables de ces réussites remar- quables.

Mais si l’argent est bien rare à l’époque, comment réussit-on à financer ces fameuses constructions? La réponse réside en bonne partie dans l’habileté administrative des curés et leur talent de collec- teurs de fonds. Un moyen de financement populaire et efficace est le pique-nique paroissial, appelé jadis tea party. Ce sont de grands événements, organisés sous la direction du curé, qui ont lieu au courant de l’été, souvent le jour de l’Assomption (le 15 août). La fête dure toute une journée. Elle débute le matin par une messe solennelle suivie parfois d’une procession et de discours par des orateurs invités. On s’assure souvent de la présence d’une fanfare pour animer les festivités et rehausser les cérémonies religieuses. Parmi les activités lucratives, il y a des repas, des manèges, des jeux de hasard et d’adresse, des loteries et de la danse.

Loteries et concerts de variétés sont également des moyens utiles de recueillir des fonds. À Mont-Carmel, le père Pierre-Paul Arse- nault, curé aux multiples ressources, lance un plan de financement populaire de construction d’une église en brique. Son astuce consiste

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