de Bloomfield forment les Dames de Sainte-Anne dont les activités ressemblent à celles des Dames du Sanctuaire. Elles encouragent, entre autres, la dévotion à sainte Anne*?. Rustico possède aussi une telle association.

Au cours de la période, on voit apparaître un certain nombre de sociétés mutuelles. Sans être de véritables organismes religieux, elles sont néanmoins réservées aux catholiques et sont toujours placées sous la direction spirituelle du curé. La première de ces sociétés mutuelles qui se propage dans les paroisses acadiennes s’ap- pelle la Catholic Mutual Benefit Association, organisme national qui vise à fournir, sous une forme coopérative, les avantages de l’assurance-vie. Avec la première succursale établie dans l’île en 1893, le mouvement se répand rapidement pour inclure presque toutes les paroisses acadiennes. Bientôt, de nouvelles sociétés mutuelles, dont les objectifs touchent davantage les intérêts acadiens- français, voient le jour dans les paroisses acadiennes. Ainsi la Société des Artisans canadiens-français est établie à Tignish en 1902 et à Rustico en 1903, et comme nous l’avons vu, la Société Mutuelle l’Assomption fonde plusieurs succursales dans la province à partir de 1905. Enfin, à Tignish, en 1905, est instituée l’Association acadienne et mutuelle de bénéfice en maladie qui réussit aussi à implanter quelques succursales dans l’île.

Vivre sa religion

Si le prêtre joue un rôle important dans la vie religieuse des Acadiens, si les belles églises témoignent de leur attachement à la foi catholique, il n’en demeure pas moins que l’expression religieuse acadienne dépasse largement ces cadres. La religion est en effet pour les Acadiens un mode de vie imprégné de pratiques et de croyances religieuses traditionnelles, de cérémonies institutionna- lisées et de règlements précis fixés par l’Eglise. C’est dans ce cadre que les Acadiens vivent leur foi et qu’ils communiquent avec Dieu et les saints.

L'héritage religieux des Acadiens les a fortement marqués pendant des siècles. Apporté en bonne partie de France par les premiers colons, cet héritage, transmis pendant des générations, est composé, d’une part, de croyances et de pratiques mi-religieuses mi-superstitieuses dont les origines précèdent probablement le Christianisme, d’autre part, du rigorisme intransigeant de la religion catholique de l’époque qui se caractérise par une approche négative

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