où un Dieu sévère et omniprésent est toujours prêt à punir de la moindre faute. Cette perspective de la religion catholique fut perpé- tuée dans le nouveau monde par un clergé formé pendant longtemps selon la doctrine janséniste. L'absence prolongée de prêtres parmi les Acadiens, au cours des XVIII et XIX® siècles, a sans doute contribué à maintenir vivantes chez les fidèles des croyances et des pratiques tenant parfois plus de la superstition que de la religion. De nos jours, on trouve encore des traces de cette mentalité traditionnelle. Observons quelques manifestations de croyances populaires qui, notons-le, ne sont pas toujours particulières aux Acadiens, mais souvent communes à d’autres peuples catholiques. Afin de s’assurer la protection de ce Dieu omniprésent, les Acadiens s’entourent de beaucoup d’objets bénits. D'abord, le cruci- fix et les images saintes se trouvent toujours à la place d’honneur dans la plupart des pièces de leurs habitations. On place aussi du rameau bénit dans tous les coins de la maison et de ses dépendances, ordinairement près des fenêtres, à titre de protection contre le tonnerre. L’eau bénite sert aussi pendant les orages ; on en asperge les fenêtres, le poêle et les miroirs pour se préserver de la foudre. L’eau bénite, selon certaines croyances, a aussi des vertus médi- cinales ; on s’en frictionne les différentes parties du corps pour se guérir des maux les plus divers. Les médailles bénites ont toujours été si populaires que l’on trouve inconcevable qu’une personne n’en porte point, car elles assurent la protection divine. À l’époque où l’Acadienne porte l’ha- bit traditionnel, son costume n’est pas complet sans une petite croix autour du cou ou une médaille à défaut de croix. La dévotion aux saints est aussi une coutume bien établie. L’in- tercession de ces derniers peut aider à obtenir des faveurs célestes. Parmi les saints les plus populaires, la sainte Vierge, choisie patronne des Acadiens en 1881, sous le vocable «Notre-Dame de l’Assomp- tion». Dans le malheur, on l’implore souvent à titre de consolatrice des affligés. Sainte Anne, mère de la Vierge Marie, et connue pour ses miracles, s’est elle aussi gagné l’affection des Acadiens. Déjà, en 1887, un groupe d’insulaires se rendent en pèlerinage à Sainte- Anne-de-Beaupré‘*, dans la province de Québec. Cette tradition s’est maintenue jusqu’à nos jours. On invoque aussi saint Antoine 189