Ainsi se termine, dans la prière, la journée typique d’un Acadien.

En plus de ces dévotions encouragées, mais non imposées, par l Église, certaines obligations religieuses doivent être observées sous peine de péché mortel. Le vendredi, les catholiques doivent s’abs- tenir de consommer de la viande. Cette interdiction n’est levée qu’en 1965. Le dimanche, comme l’exige toujours l’Église, tous les gens en bonne santé doivent assister à la messe dominicale, dite en latin jusqu’en 1965. Cette messe est souvent suivie d’une autre cérémonie religieuse, la Bénédiction du saint sacrement qui, pendant la belle saison, a lieu le dimanche après-midi après les Vêpres. De nombreux paroissiens y assistent. Le dimanche est, bien sûr, jour de repos obligatoire ; les occupations ordinaires sont entièrement suspendues et seulement avec une permission extraordinaire du curé peut-on s’adonner, en cas de nécessité, aux travaux des champs, par exem- ple. Même les menus travaux comme le tricotage sont interdits le jour du Seigneur.

De la naissance à la mort

Les étapes importantes de la vie privée sont scandées par une série de rites, les uns profanes les autres religieux. Aussitôt que possible après sa naissance, le bébé est baptisé à l’église par le curé de la paroisse. Le parrain et la marraine sont le plus souvent choisis dans le cercle familial. Le nom que l’enfant reçoit a, en règle géné- rale, une association religieuse. Ainsi, les noms bibliques tels que Judith, Moïse, Élie et Sara sont aussi populaires que les noms de saints, tels que Bruno, Anne, François, Madeleine. Dans presque chaque famille, au moins un enfant porte le nom de Joseph ou de Marie. La tradition encourage aussi les parents à donner à l’enfant le nom du saint dont c’est la fête le jour de sa naissance.

Le plus important rite religieux de l’enfance est certes la première communion qui, jusqu’au début du XX siècle, se fait à l’âge de douze ans. Cette étape importante dans la religion catholique est précédée de leçons de catéchisme données à l’église par le prêtre au cours des vacances. Les enfants s’y rendent quotidiennement à pied pendant plusieurs semaines afin de se familiariser avec les mystères de la religion et les préceptes de l’Église. Enfin, si après ces cours l’enfant est jugé suffisamment instruit de sa religion, on lui permet de faire sa première communion. Cette journée tant atten- due est la scène d’une imposante cérémonie religieuse pour laquelle les jeunes communiantes sont toutes vêtues et coiffées de blanc,

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