Les traditions, les croyances et les pratiques religieuses que nous venons de décrire donnent une idée générale de ce que peut être la vie religieuse chez les Acadiens jusqu’au milieu du XX® siècle. La religion joue, en effet, un rôle très important dans la vie quotidienne des gens et au cours de toutes les principales étapes de la vie ; c’est pour l’ensemble des Acadiens une préoccupation constante qui imprègne leur caractère et oriente leur vie quotidienne. L'examen des rites et des devoirs religieux qui émaillent la vie des Acadiens pourrait donner l’impression qu’il ne reste guère de place pour le plaisir et la gaieté. En fait, quoique fort attachés à leur religion et généralement fidèles aux ordonnances de leur Église, les Acadiens aiment néanmoins aussi beaucoup s’amuser. Leur folk- lore en témoigne éloquemment : le répertoire immensément riche de danses, de musique, de chansons, de contes et de légendes, conservé jusqu’à ce jour, est là pour le prouver. Rien de surprenant si dans ce bagage de traditions orales on trouve des quantités de chansons et de contes pas toujours très «catholiques»! Aussi, lors- qu’un curé défend la danse, certains parents osent contester son autorité en organisant sous leur propre toit des soirées dansantes car, à leurs yeux, ils ne voient aucun péché dans un tel amusement bien contrôlé. Ils préfèrent voir leurs enfants se distraire sous leur surveillance que de les perdre de vue, peut-être à mal faire ailleurs. Le côté politique La publication de L’Impartial par la famille Buote ajoute une nouvelle dimension à la vie politique acadienne. Contrairement aux journaux de l’époque qui affichent ouvertement leur couleur poli- tique, ce nouveau journal acadien annonce, dès le départ, qu’il sera «impartial». La défense des droits des Acadiens lui importe davan- tage que l’allégeance et le favoritisme politiques. Les Buote décri- vent leur approche dans les termes suivants : En politique, L’Impartial est strictement indépendant. Les deux grands partis, qui partagent les opinions dans les affaires publiques de notre pays, comman- dent également notre respect ; par conséquent, nos colonnes leur seront ouvertes, sans aucune distinction. Pourtant, quelqu'un des nôtres briguera- t-il les suffrages en vue de servir l’État, alors, L’'Impartial, fidèle à sa devise, se rangera du côté de la nationalité et ne négligera rien pour faire prévaloir nos droits. 7? L'Impartial a cependant du mal à maintenir cette neutralité. 199