Certaines conjonctures politiques, religieuses et économiques forcent les rédacteurs à montrer leurs préférences. Ils se tournent d’abord vers le parti conservateur, surtout à partir de 1896. Cette année-là, L'Impartial dirige une virulente campagne contre le député libéral acadien à la Chambre des Communes, Stanislas-F. Perry, en l’ac- cusant de traîtrise pour son vote contre la cause catholique dans un projet de loi relatif à la question des écoles catholiques françaises du Manitoba. L’Impartial contribue donc à la défaite de Perry aux élections fédérales de 1896. Par la suite, le journal continue à fusti- ger le parti libéral fédéral et son chef, Wilfred Laurier, à qui il reproche de négliger ses partisans acadiens dans la distribution des postes publics. Mais vers 1904, les Buote, désillusionnés du parti conservateur, cessent de l’appuyer et se rangent dans le camp du parti libéral, alors au pouvoir’. Ce dernier venait de nommer le premier juge acadien à l’île, Stanislas Blanchard/*. Le journal demeure fidèle au parti libéral jusqu’à sa fermeture en 1915. Pendant ses toutes dernières années d’existence, cette feuille acadienne se proclame même «l’Organe, dans la langue française, du Parti Libé- ral des Provinces Maritimes».
En dépit de ses revirements, L’Impartial joue un rôle important sur la scène politique acadienne. D'abord, il essaie souvent de faire comprendre aux Acadiens qu’ils sont suffisamment nombreux dans certaines circonscriptions électorales pour élire un des leurs — à condition de s’unir au lieu de diviser leurs forces entre les différents partis. Par ailleurs, L’Impartial réclame sans cesse que justice soit faite aux Acadiens en leur attribuant leur quote-part des postes publics, même dans les plus hauts échelons. Il fait un de ces plai- doyers à la veille des élections de 1904 :
Le seul moyen pour revendiquer nos droits est de nous unir. Laissons la politique de côté pour envisager notre situation. Si la loi du pays nous garantit égalité de droits nous sommes certainement loin de jouir de cette égalité. Pourquoi ne pas demander, et si on vous refuse demander encore. Et voilà le temps venu, le temps opportun.
Engageons nos candidats de l’un et de l’autre part à plaider notre cause après tout ce n’est que justice que nous voulons et rien de plus.
Il y a, sans doute, assez de génie parmi nos Acadiens pour remplir avec autant d’avantage que MM. les anglais, les irlandais et les écossais les fonctions que ces positions requièrent. /°
Une question que L’Impartial est le premier à soulever, et qui préoccupe encore aujourd’hui les Acadiens, est celle d’un sénateur
200