qui vend des vivres à crédit pendant la morte-saison!*°
C’est à Tignish, en 1923, que la première véritable «union» de pêcheurs voit le jour. Dirigés par un avocat local, Chester P. McCarthy, un groupe de pêcheurs acadiens et anglophones créent leur propre compagnie sous forme de coopérative. Dès 1925, ils mettent en boîtes leur propre homard et s’occupent eux-mêmes de la mise en marché du produit qui leur rapporte beaucoup plus que ce que payaient les compagnies privées!
Les problèmes des pêcheurs acadiens de l’île ne leur sont pas particuliers car ils sont communs à l’ensemble des pêcheurs des Maritimes. En raison du malaise général, le gouvernement fédéral crée en 1927 une commission royale chargée d’enquêter sur les problèmes de l’industrie de la pêche aux Provinces Maritimes et aux îles de la Madeleine! *. Cette commission recommande le regroupement des pêcheurs en coopératives afin que ceux-ci puissent exercer une plus grande influence sur l’industrie. Pour favoriser une telle évolution, la commission propose que le gouvernement aide à organiser une campagne d'éducation auprès des pêcheurs. Le gouvernement réagit favorablement à cette proposition de sorte qu’en 1929 le Père Moses Coady est chargé de fonder un tel programme. À partir de l’université Saint Francis Xavier à Antigonish, il sera le principal initiateur du Mouvement Antigonish, programme de développement socio-économique qui, comme nous l’avons déjà vu, sert de modèle au développement des cercles d’études et du mouve- ment coopératif à l’Île-du-Prince-Édouard au cours des années 30%.
Le Père Coady et l’avocat McCarthy de Tignish exercent une forte influence auprès des pêcheurs de l’île et sont bientôt appuyés par le Dr Croteau et ses collaborateurs du Adult Education League. Suite à l’expérience de Tignish, plusieurs «unions» de pêcheurs voient le jour. Les pêcheurs acadiens participent aux unions qui se forment à Mont-Carmel (1931), à Miminegash (1935), à Rustico- Nord (1936), à Baie-Egmont (1938) et à Skinners Pond (1939). Ces unions (que l’on pourrait appeler «coopératives») jouent un rôle important dans la vie du pêcheur et de sa communauté. Ce dernier découvre vite qu’il est possible d’améliorer sa condition en mettant en pratique la devise bien connue «l’union fait la force». Dès que leurs associations sont formées et qu’ils gèrent leurs propres usines, les pêcheurs obtiennent un meilleur prix pour leurs prises. Mais les avantages dépassent les questions d’argent. Grâce aux unions, les pêcheurs se rencontrent pour s’instruire en économie, pour discuter
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