de leurs problèmes et essayer de les résoudre. Ce réveil chez les pêcheurs contribue beaucoup à valoriser leur métier si longtemps méprisé. La Seconde Guerre mondiale revitalise l’industrie de la pêche à l’Île-du-Prince-Édouard. Le prix du homard et du poisson monte en flèche. Une forte demande se manifeste pour le maquereau et la morue barbue. Les conserveries mettent ces espèces en conserves et les vendent à une agence internationale approvisionnant des clients européens et les victimes de la guerre. Ce renouveau dans le marché aide grandement les unions de pêcheurs qui font de bonnes affaires. Cet heureux tournant dans l’économie vient raffermir la confiance des pêcheurs dans les mérites de la coopération. La vie française : une lutte difficile Au fil des années, la survivance et l’épanouissement de la vie française dans l’Île-du-Prince-Édouard devient un problème de plus en plus aigu. Il est vrai qu’entre les années 1890 et 1910 la commu- nauté acadienne semble avoir le vent dans les voiles alors qu’elle prend des mesures pour récupérer le terrain perdu au cours des années précédentes. On voit alors apparaître des institutions telles que le journal L’Impartial, l Association des instituteurs acadiens, les succursales de la Société Mutuelle l’ Assomption. De plus, le gouvernement accepte de nommer un inspecteur francophone pour les écoles acadiennes. Tout cela ne réussit toutefois pas à enrayer l’anglicisation déjà en cours. Malgré tout on arrive à l’endiguer quelque peu. En 1909, le sénateur Pascal Poirier, s’adressant au Congrès annuel des instituteurs acadiens de l’île, rappelle à son auditoire son attitude pessimiste, vers 1880, à l’égard de la survi- vance de la langue française dans l’île. Toutefois, il «se dit heureux de constater que c’en était rien, et qu’aujourd’hui, l’on aime et l’on parle le français plus que jamais!#». Comme le sénateur Poirier le sait bien, l’anglicisation n’a quand même pas disparu. À une autre occasion (1907), il déclare : «Nulle part, en Acadie, le sentiment français n’est plus vivace qu’à l’Île Saint-Jean ; mais nulle part, aussi, l’anglais n’y est malheureusement plus universellement parlé dans la famille, et c’est 1à un grand danger national! #.» Les statistiques ne tardent pas à démontrer le bien-fondé de l’inquiétude de Pascal Poirier. D’après le recensement de 1921, environ 17 pour cent des quelque 12 000 insulaires d’origine 220