Une société rurale en transformation

La Seconde Guerre mondiale contribue à transformer l’écono- mie et la société canadiennes. L’Ile-du-Prince-Edouard, province essentiellement rurale et agricole, n’échappe pas à ce phénomène d’envergure nationale. Cependant l’évolution s’y produit plus lente- ment qu'ailleurs au Canada, certainement moins vite que dans le centre du pays.

L’industrialisation au Canada provoque un important courant d'urbanisation qui n’épargne pas les jeunes insulaires. Comme leurs prédécesseurs qui s’étaient dirigés vers les États-Unis au XIX® siècle et au début du XX°, ces fils et filles de petits agriculteurs et de pauvres pêcheurs quittent une province qui ne leur offre que des emplois très peu rémunérateurs et aussi, peu nombreux. Ils prennent donc le chemin des principaux centres industriels du Canada.

De fait, l’île n’arrive pas à suivre le rythme du développement économique et social du reste du pays. Le manque de ressources financières en est la cause principale. La majorité des fermiers, faute de capitaux, ne réussissent pas à moderniser et à agrandir leurs exploitations de façon à produire à des prix compétitifs sur le marché national et international. Réduits à vivre en-dessous du seuil de pauvreté dans leur pays, des milliers de petits fermiers deviennent,

le plus souvent, simples salariés!

La pauvreté de la province se reflète aussi au niveau de son système d’éducation. De tous les Canadiens, ce sont les gens de l’île qui investissent le moins dans le domaine de l’éducation?. Le taux de scolarisation et d’instruction des insulaires s’écarte donc sensiblement de la moyenne nationale.

Au cours des années 40 et 50, des mesures de modernisation de la province sont envisagées. On commence alors à centraliser les moyens de production et à diversifier l’économie. Toutes les

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