Acadiens. Par contre, de nos jours, les fermiers d’origine française peuvent se mesurer favorablement à tout autre fermier de l’île et d’ailleurs, ce qui n’était pas le cas voilà quelques décennies.
Le Plan de développement de l’Île-du-Prince-Édouard de 1969 affecte profondément la population agricole acadienne, comme il marque l’ensemble des agriculteurs insulaires. Ainsi, de nombreuses petites fermes sont vendues au gouvernement ou à d’autres fermiers qui désirent agrandir leurs exploitations. Par ailleurs, d'importantes étendues de terres appartenant jadis aux Acadiens, sont maintenant entre les mains de grands propriétaires étrangers.
Si l’industrie agricole constitue encore la base de l’économie insulaire, il faut dire que les fermiers acadiens ont participé peu, faute de moyens, aux transformations radicales que l’industrie a subies depuis la Seconde Guerre mondiale. Le glissement des Acadiens vers une position marginale dans l’agriculture s’est mani- festé tout particulièrement depuis les années 60. Se trouver en marge de la production agricole représente un changement culturel profond. Il suffit de penser aux grands discours des Conventions nationales à la fin du XIX® siècle pour se rappeler la position clé que l’agri- culteur acadien occupait jadis.
La pêche
De nos jours, l’industrie de la pêche est sans aucun doute l’ac- tivité économique la plus importante de la communauté acadienne insulaire. C’est la pêche qui forme la base de l’économie des régions de Tignish, de Palmer Road, de Baie-Egmont, de Mont-Carmel et de Rustico-Nord. Cette industrie fournit un nombre considérable d’emplois de pêcheurs, d’aides-pêcheurs et d'employés ou employées d’usine. Il y a aussi tous les emplois créés dans les secteurs connexes tels le camionnage, la construction de bateaux, la vente de l’essence. Nous avons parlé des coopératives fondées à partir des années 20. De toutes ces coopératives, il n’en reste que deux en 1980 : l’une à Tignish et l’autre à Abram-Village. Néanmoins, ce sont des entre- prises importantes et les plus gros employeurs dans leurs milieux.
Comme autrefois, la plupart de ces emplois sont de caractère saisonnier et ne durent pas plus de six mois. Pendant le reste de l’année, ceux qui ne parviennent pas à trouver un autre emploi — c’est-à-dire la majorité des gens — profitent du programme de l’as- surance-Chômage qui leur assure un revenu régulier pendant la morte- saison. Le pêcheur n’est donc plus forcé de quitter sa famille et de
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