Une église en pleine évolution L'absence de prêtres de langue française pour desservir les régions où est concentrée une importante partie de la population acadienne et francophone de la province, préoccupe toujours la communauté acadienne. C’est l’objet de requêtes que les Acadiens présentent à leur évêque à quatre reprises entre 1946 et 1965!°. Dans ces mémoires, ils prient l’évêque de redresser les nombreuses injus- tices qui les accablent. On lui rappelle en particulier le manque de services religieux en français dans les paroisses où les Acadiens se trouvent en grand nombre, les curés unilingues anglais desservant des paroisses acadiennes, les prêtres acadiens placés dans des paroisses totalement anglophones et les prêtres acadiens presque totalement absents de la hiérarchie ecclésiastique. Dans le mémoire de 1954, on explique à l’évêque comment l’unilinguisme anglais de certains curés nuit à l’instruction religieuse des Acadiens : Il y a de nombreuses mères de famille, dans plusieurs paroisses du diocèse, pour qui un sermon ou autre instruction en anglais vaut très peu. Un grand nombre de ces femmes ont appris leur catéchisme et leurs prières en français. Il est très difficile, même pour une personne bien instruite, de faire usage d’une langue autre que sa langue maternelle dans l’exercice de ses dévotions religieuses. Sous de telles circonstances, de nombreuses mères acadiennes trouvent difficile d’instruire leurs enfants dans leurs devoirs religieux. Nous pouvons vous assurer, Votre Excellence, que de tels cas sont très nombreux dans plusieurs paroisses acadiennes.2° Si la situation s’améliore quelque peu au cours des années, il faut dire qu’en 1965 les plaintes des Acadiens sont encore nombreuses et légitimes. Le nombre de curés unilingues anglophones dans les paroisses à majorité ou à forte proportion acadienne est toujours aussi grand. La Société Saint-Thomas d'Aquin, qui rencontre l’évêque de Charlottetown en 1965, lui présente un mémoire conte- nant à peu près les mêmes griefs et requêtes que dans les mémoires précédents. On rappelle au prélat que la S. S. T. A., depuis sa fondation, a aidé à fournir à l’Eglise dix-huit prêtres acadiens, dont neuf sont attachés au diocèse de Charlottetown, mais que les Acadiens ne profitent pas toujours de leur ministère. Voici un extrait du mémoire qui décrit cette situation : Si la Société visait à créer un clergé acadien dans l’espoir que celui-ci serait appelé à pratiquer son ministère dans les paroisses acadiennes, ses membres sont parfois déçus de constater que les choses ne se passent pas ainsi et que les prêtres acadiens sont à desservir des paroisses anglophones tandis que 235