une trentaine d’étudiantes en profitent. Cela constitue un événement historique car, pour la première fois, les futures enseignantes acadiennes de l’île peuvent suivre des cours pédagogiques totale- ment en français. La plupart reviennent enseigner à l’île où plusieurs d’entre elles sont toujours à l’oeuvre. La création, en 1969, de l’École normale française du Nouveau- Brunswick, sur le campus de l’Université de Moncton (transformée depuis en faculté d’Éducation), constitue un point tournant dans l’éducation acadienne aux Provinces Maritimes. Cette institution offre une formation pédagogique de qualité en français à tout étudiant qui se destine à l’enseignement. Progrès et reculs En 1962, François-E. Doiron, inspecteur des écoles acadiennes depuis 23 ans, se retire et J.-Albert Gallant lui succède. Lors de sa première visite des 35 classes dites acadiennes, le nouvel inspecteur en trouve 17 où l’enseignement se fait totalement dans la langue anglaise. Il constate également que la connaissance de la langue française varie beaucoup d’une école à l’autre ; il suggère donc que les écoles soient divisées en deux catégories avec des programmes de français différents. Sa suggestion est acceptée. Dans la section À, on regroupe les écoles acadiennes des paroisses de Baie-Egmont, de Mont-Carmel et de Wellington dans lesquelles on maintient un programme de français langue maternelle. Et dans la section B, on réunit les écoles acadiennes des paroisses de Tignish, Palmer Road, Bloomfield, Miscouche, Rustico-Sud, Rustico-Nord et Hope River, où la majorité des enfants ne parlent plus le français. On y implante un programme de français langue seconde même si le français demeure la langue maternelle de beaucoup d’élèves“! Quelques années plus tard, en 1966 plus précisément, une enquête menée au sein de toutes les écoles des sections A et B révèle que seulement 50.6% des élèves d’origine acadienne comprennent et parlent le français“? Au cours des années 60, le ministère de l'Éducation se montre plus sensible que jamais au besoin d'éducation française. En annon- çant des changements dans la politique de son ministère à l’égard de l'éducation chez les Acadiens, le ministre de l'Éducation, Gordon Bennett, déclare publiquement : «il n’y a pas d’insulaires de deuxième classe». Il ajoute : «les gens de cette province joignent leurs efforts à ceux des autres Canadiens de par tout le pays afin 245