Le taux d’assimilation augmente L’anglicisation des Acadiens et de leurs communautés s’accélère à un rythme effarant après la Seconde Guerre mondiale. Selon le recensement de 1951, la province compte 15 477 insulaires d’origine ethnique française mais seulement 8477 (environ 58%) sont de langue maternelle française. Vingt ans plus tard (1971), la situation a visi- blement empiré. Sur 15 325 personnes d’origine ethnique française, 7365 (environ 48%) déclarent avoir appris le français comme langue maternelle. Parmi ceux-là, seulement 4405 disent le parler couramment“. Déjà en 1956, l'inspecteur des écoles acadiennes, François-E. Doiron, déplore le courant d’anglicisation qui ne semble pas vouloir ralentir : D'’année en année il devient extrêmement difficile de préserver la langue française dans notre province ; il est d’ailleurs évident que le français est en train de perdre du terrain à une vitesse alarmante. Ceci est particulièrement désolant pour ceux d’entre nous qui sont fiers de nos origines françaises et qui désireraient conserver notre langue et les traditions françaises. De plus en plus d’Acadiens abandonnent leur langue, tellement que dans plusieurs de nos grandes paroisses françaises, l’anglais est maintenant la langue régulièrement en usage, le français n’étant parlé que par quelques anciens. Notre seul espoir pour le futur réside donc au niveau des écoles où nous devons essayer d’enseigner le plus de français possible.“ De nombreux facteurs favorisent l’anglicisation. Le français est plus ou moins enseigné dans beaucoup d’écoles, même si les Acadiens constituent une majorité. Il y a d’ailleurs pénurie d’en- seignants francophones qualifiés. Plusieurs paroisses acadiennes ont depuis longtemps des curés anglophones. La pénétration de la télé- vision au sein des foyers y apporte une forte dose de langue anglaise. L’urbanisation augmente le nombre de mariages entre francophones et anglophones. D'autre part, pour trouver du travail, de plus en plus d’Acadiens doivent déménager à Summerside et à Charlotte- town où l’environnement anglophone empêche les parents de conserver la langue française chez leurs enfants, d’autant plus que ceux-ci n’ont pas accès à l’école française. Il faut souligner aussi que le statut inférieur de la langue fran- çaise dans la province, même dans l’ensemble du pays, ne facilite pas sa conservation. Le français est en effet souvent dévalorisé. Dans les paroisses et les districts homogènes acadiens, le français demeure la langue des réunions publiques, des offices religieux et même du travail. En revanche, dans les paroisses mixtes où les 248