Acadiens restent néanmoins majoritaires, la langue anglaise domine la plupart du temps dans toutes les affaires publiques, que ce soit à l’église, à l’école, au travail ou dans les organisations commu- nautaires. La langue française est donc réduite à une langue que l’on parle dans l’intimité du foyer et avec des amis. On comprend donc la raison de ce sentiment d’infériorité à l’égard de la langue française chez de nombreux Acadiens, et encore plus à l’égard du dialecte acadien pour lequel ils sont souvent ridiculisés. Il n’est alors pas surprenant que certains associent leur infériorité socio-écono- mique à l’identité acadienne et à la langue française. Ils optent donc pour leur propre anglicisation et celle de leurs enfants comme stra- tégie d’avancement social. Malgré ce fort courant d’assimilation, les organismes acadiens comme la Société mutuelle l’Assomption, l’ Association des insti- tuteurs acadiens et la Société Saint-Thomas d’Aquin continuent à lutter pour la conservation et l’épanouissement de la langue française et de la culture acadienne dans l’île. En 1951, la troisième Conven- tion nationale acadienne de l’Ile-du-Prince-Edouard, qui a lieu à Baie-Egmont, réunit la plupart des organismes acadiens de la province. On cherche à faire le point sur la situation de la vie fran- çaise, comme l’explique le président du congrès, J.-Edmond Arse- nault, dans son discours d’ouverture : L'étude de nos problèmes est le but premier de cette convention [...] Les exposés de faits mettront à jour tous nos accomplissements, les problèmes qu’il nous reste à résoudre, les conditions dans lesquelles nous travaillons à la survivance acadienne.“? Ce genre de grand rassemblement sert davantage à stimuler la fierté acadienne qu’à dégager des solutions concrètes au problème de la survivance. Le prochain congrès a lieu à Rustico en 1955 dans le cadre des «fêtes» du bicentenaire de la Déportation des Acadiens. Ce congrès prend plutôt l’allure d’une célébration patriotique et religieuse. Dans de nombreux discours, on rappelle aux Acadiens la tragique histoire de leurs pères et le devoir qui leur incombe de préserver intactes les valeurs chères aux braves ancêtres. L'intérêt qui se développe à l’égard de l’histoire acadienne, lors de cette année bicentenaire, se traduit par la mise sur pied de la Société historique acadienne de l’Île-du-Prince-Édouard. Neuf ans plus tard cette même Société établit le Musée acadien à Miscouche. Jusqu’aux années 40 la Société Saint-Thomas d’Aquin concentre 249