déja existante. Nous pourrions comparer la technique de composition des auteurs de nos complaintes à celle de leurs correspondants français, c'est-à-dire aux arti- sans des chansons traditionnelles françaises. Selon Patrice Coirault, ces derniers composaient rarement leurs propres mélodies :
La mélodie populaire ancienne, devenue où non folklorique, a eu constamment son origine dans un air préexistant, aux rythmes de qui les paroles de la chanson ont adapté leur allure (ou inversement). De toute façon une mélodie folklorique dérive d'un anté- cédent musical; de par son principe elle est œuvre seconde. 1°
Ailleurs, Coirault avance que 99 fois sur 100, l’air d’une chanson populaire «est d’abord attribuable à l’évolu- tion d’un timbre».
Nous avons réussi à identifier un certain nombre de timbres qui ont servi à nos complaintes. La plupart sont des airs de chansons folkloriques telles Amants séparés par le père et la mère (Jérôme Maillet), Dans tous les cantons (Trois jeunes hommes noyés, Joachim Arsenault), Noces — Adieu de la mariée (Adèle Dou- cette, Les deux noyés de Tignish), La vieille sacrilège (Jean-François Cormier), etc. Aussi, les auteurs pre- naient quelquefois les airs de complaintes préexis- tantes. Ce fut le cas de Aimé Arsenault qui emprunta sa mélodie à celle de François Richard. Notons égale- ment que les complaintes sur Pierre Arsenault et Joseph Arsenault se chantent sur le même timbre. Chose intéressante, cette mélodie est aussi celle de la complainte intitulée Edgar, probablement composée dans le comté de Gloucester, Nouveau-Brunswick, où elle fut recueillie ?2.
10. Patrice Coirault, Formation de nos chansons folkloriques, Paris, Éd. du Scarabée, 1953, p. 48.
111DId2 "D 47;
12. AF, coll. Luc Lacourcière et F.-A. Savard, enreg. 1089; coll. J.-Thomas LeBlanc, ms. n° 763.
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