Les complaintes ne se contentent pas toujours d'une seule mélodie. De fait, les deux versions recueil- lies de Joachim Arsenault n'ont pas le même air. Quant a Firmin Gallant, les cinq versions enregistrées sur bandes magnétiques sont chantées sur un timbre de Le cou de ma bouteille 3, alors que la mélodie qui accompagne la version manuscrite provenant de la collection du père Pierre-Paul Arsenault, est celle du cantique Au sang qu'un Dieu va répandre '{.
Mais revenons à la formule strophique. Dans le présent répertoire, le quatrain s'avère la forme la mieux représentée. Outre celle-ci, l'on retrouve des exemples de strophes de 2, 3, 6, 7,8 et 10 vers.
Les règles prosodiques ne semblent pas être celles qui obligent le plus nos auteurs. Au contraire, un grand nombre d'entre eux ne verront pas d'incon- vénients à placer tantôt deux ou trois syllabes sur une même note, tantôt plusieurs notes sur une seule syl- labe. Encore, ajouteront-ils parfois un «e» à la fin de certains mots pour creer des syllabes supplémentaires, leur facilitant ainsi l'interprétation musicale du vers.
En négligeant les irrégularités prosodiques que l'on retrouve dans bon nombre de couplets, on peut dire que la majorité des complaintes que nous eétu- dions sont composées de strophes isométriques comp- tant sept, huit, dix, douze, quatorze, quinze et seize syl- labes. Par ailleurs, quelques complaintes présentent des strophes hétérométriques. C'est le cas de Trois jeunes hommes noyés et Joachim Arsenault qui se chantent sur le timbre, Dans tous les cantons. Leurs couplets comptent chacun dix vers organisés selon la formule suivante: 5-7-5-7-6-6-6-7-7-6.
13. Voir la version publiée par les pères Anselme Chiasson et Daniel Boudreau dans Chansons d'Acadie, 4° série, sind. D O7
14. Pour une excellente étude de ce timbre, voir Luc Lacourcière, «Le Général de Flipe [Phipps], Cahier des Dix, Québec, Les Editions des Dix, 1975, n° 39, pp. 252-259,
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