Cette «composeuse de complaintes » était remar- quablement pieuse. Elle manifestait une grande devo- tion à sainte Anne. À l'occasion, elle organisait chez elle des neuvaines en l'honneur de cette sainte aux- quelles les voisins participaient. Elle était aussi abon- nee aux Annales de Sainte-Anne-de-Beaupré. Elle possédait un livre de cantiques qui lui était utile sur- tout pendant le carème. Bien que Sophique sût lire, elle ne pouvait pas ecrire. Lorsqu'elle désirait rédiger une lettre ou tout autre document, elle avait recours aux membres de sa famille qui connaissaient l'écriture. Selon nos informateurs, la vieille Sophique ne composa que des complaintes. «Elle avait une bonne tête pour ça» de dire Hélène Arsenault. Et d'ajouter sa petite-fille, Sophie Arsenault qui a vécu avec sa grand- mere, elle composait en travaillant, faisant adonner la mélodie au rythme de son rouet. Il est regrettable que nous n'ayons pu recueillir toute sa production littéraire. Il aurait été intéressant de voir dans quelle mesure ses complaintes étaient dif- férentes les unes des autres, aussi de constater le degré d'originalité de chacune. Quant à sa composi- tion, Joseph Arsenault, il est possible qu'elle se soit inspirée de celle de Pierre Arsenault, laquelle se chante sur le même air et qui fut composée au moins cinq ans plus tôt par Emilie Bernard. La complainte Jean-Fran- çois Cormier, pour sa part, est composée sur une mélodie de la chanson folklorique La vieille sacrilège. Sophique demeura jusqu'à sa mort à Saint-Gilbert chez son fils Gilbert et sa famille. Elle mourut le 1°" septembre 1939 à l'âge de 86 ans. 5. André Arsenault 7 La complainte L'accident de train à Tignish fut composée par André Arsenault, un fermier de Saint- 17. Les renseignements sont de Léo Gallant, Arichat, N.-É : Julienne Pitre, Tignish Shore; Exzélia Arsenault, Tignish, fille d'André Arsenault. 49