m'ai aperçu que j'avais de quoi de composé sans m'apercevoir. 34 Elle composa cette complainte peu de temps après le tragique événement. Ses complaintes, tout comme ses autres chan- sons, elle les composa mentalement, «dans sa tête» comme elle dit, et elle les retient facilement sans les écrire. Cependant, il lui arrive d'en rédiger une copie pour des intéresses. Lorsque Léah Maddix composa sa première com- plainte, soit celle d'Aimé Arsenault, elle s inspira du texte de François Richard qu'elle connaissait bien. Elle retint la mélodie et aussi, dans une certaine me- sure, le style, tout en l’adaptant au cas d’Aime Arse- nault. Voici comment elle nous décrivit brièvement son procédé : «Bien, j'ai changé beaucoup de quoi, tu sais. J'en ai gardé plusieurs, les mêmes mots, bien j'en ai changés un peu pour que ça s'’adonne%.» Si nous comparons quelques couplets de ces deux complain- tes, nous verrons exactement dans quelle mesure elles se ressemblent : François Richard Ah! venez tous mes chers parents Entendre chanter une chanson. C'est dans le village de Mont-Carmel Ÿ à arrivé une triste nouvelle, Ça nous fait voir que Dieu [Tout-Puissant À pouvoir sur tous ses enfants. C'est un garçon de dix-huit ans Qui paraissait fort bien prudent S'en est allé dans les États Pour y finir tous ses combats. Dieu qui avait marqué sa fin, Il s'est tué, c'est là son dessein. Aimé Arsenault Oh! venez écouter chanter La chanson que j'ai composée. C'est dans l'village d'Egmont-Baie Une triste nouvelle est arrivée, Ça nous fait voir que Dieu [Tout-Puissant A le pouvoir sur tout(es) ses enfants C'est un garçon de vingt-sept ans Qui paraissait fort bien prudent S'en est allé pour travailler, Il était engagé pour pêcher. Mais il avait pas dans l'idée La mort funeste qui lui est arrivée. 34, Coll. Georges Arsenault, enreg. 1120. 35. Ibid., enreg. 1081. 65