accompagna le prêtre appelé pour administrer les derniers sacrements lorsque le cadavre fut retrouvé. Notons aussi que ce cousin fut l’un des premiers à qui Léah chanta sa composition.
Au temps où Leéah travaillait dans les «homar- deries », des gens de Maximeville auraient voulu qu'elle compose une complainte sur deux jeunes frères, Emi- lien et Antonin Arsenault, qui s'étaient noyés dans leur village en avril 1917. Elle ne la composa pas, car elle ne s'en croyait pas capable et aussi ça ne lui disait rien.
En 1960, Tilmon Gallant, d'Abram-Village, fut as- sassiné par un adolescent du mème endroit. Léah nous devoila qu'elle avait amorce une complainte sur cette tragédie mais qu'elle l'abandonna pour la raison que le meurtrier était de la paroisse et qu'elle ne voulait pas blesser sa parente:
Me ressemblait que celle-là [complainte sur Til- mon Gallant], à cause que c'était quelqu'un d'Eg- mont-Baie qui l'avait tué, me ressemblait que j'aimais pas ça tant. Comme ceux qui se noyont, bien c'est des accidents. Ça ici c'est un accident sur un bord puis sur l’autre bord c'est une personne... me res- semble c'est dur pour une personne qui a tué, hein! quand qu'on la connaît. Si çc'’avait été quel- qu'un en dehors que j'aurais pas connu... Bien c'est si fait que j'ai pas voulu. Oui, j'avais pensé plusieurs fois d'en composer une. Des fois j'en avais des grands bouts de parés...41
Léah Maddix est certes un auteur de complaintes intéressant et des plus remarquables. Elle constitue un témoin bien vivant de cette ancienne tradition qui malheureusement semble être à la veille de s'éteindre.
Ces brèves biographies ne sont peut-être pas suf- fisantes pour nous permettre de tirer d'importantes conclusions au sujet du rapport entre les auteurs et leurs chansons. Les renseignements que nous avons recueillis nous donnent quand même une idée assez
41. Coll. Georges Arsenault, enreg. non classé.
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