fileuse et de tisserande lui fit visiter un grand nombre de foyers où elle demeurait parfois pendant plusieurs jours. Elle eut souvent l'occasion de faire entendre ses complaintes car sa réputation de chanteuse était bien établie. Selon plusieurs informatrices, lorsque «la vieille Sophique» se trouvait chez elles, pour une raison quelconque, on ne manquait pas de la prier de chanter. Quant à «la vieille Grêle» de Tignish, Isabelle Poirier, il semblerait qu'elle se soit souvent produite en public. Au dire de Léo Gallant, en parlant de cette «composeuse de chansons», «quand qu'elle était à un endroit, faillit qu'elle chantit la complainte des noyés 2». Il se souvient de plusieurs soirées à Tignish où la vieille Grêle chanta. C’est d’ailleurs de Léo Gallant que nous avons enregistre la seule version de cette complainte, Les deux noyés de Tignish=. Il la tient de l’auteur mème, l'ayant tellement entendu chanter. La coutume voulait-elle que les auteurs chantent leurs compositions aux familles de ceux qu'ils évo- quaient ? D'après les renseignements recueillis au sujet de quelques auteurs, il semble qu'ils avaient tendance a le faire. Laurent Doucet, auteur de Jérôme Maillet, chanta d’abord sa chanson à la mère de Jérôme, nous a appris Marie-Rose Bernard, de Saint-Louis. Sophi- que Arsenault, de son côté, chanta la complainte sur Jean-François Cormier à la famille de Glorice Cormier, frère de Jean-François‘, et, aux noces de Marianne Gallant, elle fit entendre celle qu’elle avait composée sur Benjamin Gallant, le frère de la mariéef. Quant à Madeleine Richard, elle chanta celle qu'elle avait com- posée sur Arsène Arsenault à deux enfants de ce der- 2. Coll. Georges Arsenault, enreg. 1192. 3. Ibid., enreg. 451. 4. lbid., enreg. 1194. | 5. Renseignements obtenus de Glorice Cormier, Wellington, l.-P.-É. ; 6. Coll. Georges Arsenault, ms. 176. Inf.: Madame Austin Hashie. 72