B. La transmission familiale

Qui sont ceux qui connaissent encore les com- plaintes ? Pour la plupart, ce sont des gens âgés de soixante ans et plus, qui, malheureusement, n’en con- naissent souvent que quelques couplets et parfois même que des fragments. Certains informateurs nous ont assuré qu'ils en connaissaient autrefois beaucoup plus long. N'ayant pas chanté les complaintes depuis longtemps, ils les ont oubliées.

Les complaintes semblent s'être surtout trans- mises verticalement, c'est-à-dire de génération en gé- nération à l'intérieur d'une même famille. Signalons que le plus grand nombre de nos informateurs, qui sont pour la plupart des femmes, tiennent leurs chan- sons de leur mère. Nous illustrerons ce phénomène en présentant quelques informatrices importantes. Nous tenterons ainsi de voir comment les chansons traditionnelles, surtout les complaintes, étaient vécues dans leur famille.

Une de nos excellentes chanteuses est Maggie Chiasson de Saint-Édouard, née en 1890. Elle connaît un nombre considérable de chansons folkloriques apprises un peu partout, mais dont un bon nombre sont des chansons qu'elle tient de sa mère. Chanter est un passe-temps favori pour Maggie qui fredonne a longueur de journée les nombreuses chansons de son répertoire. Sa fille, Marianne (Madame Joseph B. Gallant) en a beaucoup apprises de sa mère. Ce ne fut pas difficile de les apprendre, nous a-t-elle affirmé, surtout lorsqu'on les a entendues pendant toute une vie. Depuis son mariage, Marianne demeure voisine de sa mère.

Une nièce de Maggie Chiasson, Denise Allain, demeure tout près de chez sa tante. Elle aussi posse- de un vaste répertoire de chansons traditionnelles qu'elle tient en grande partie de sa tante Maggie qu'el- le a beaucoup fréquentée. Ces trois femmes consti- tuent ensemble une source presque intarissable de

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