chansons populaires. C'est d'ailleurs d'elles que nous avons recueilli le plus grand nombre de complaintes locales. Nous en avons enregistrées douze, dont huit qui ont leur source à l'Ile. Ajoutons que ces trois infor- matrices ont longtemps travaillé dans les conserveries de poissons.
Du côté d'Abram-Village, nous retrouvons une autre bonne informatrice dans la personne de Madame Arcade S. Arsenault, née Hélène Gallant en 1891. Au cours de quelques visites chez elle, elle nous a chanté des versions de quatre complaintes apprises de sa mère. Malheureusement, deux sont tres frag- mentaires. Elle regretta de ne pouvoir les chanter au complet, car elle les savait jadis en entier. La mere de Madame Arsenault chantait beaucoup, surtout en travaillant et aussi le soir pour divertir ses enfants: «Des soirs elle nous chantait des chansons, des fois. J'étions tout le temps apres elle pour la faire chanter. Des fois elle venait tannée, elle disait: «Laissez-moi donc tranquille®.» Elle interprétait aussi pour la visite: «Des fois, quand on avait de la compagnie, mon pere lui en faisait chanter. Il disait: «Chante donc cette complainte-ci, chante donc cette complainte-là. » Puis elle les chantait 0.» Elle chantait beaucoup aussi lorsque ses sœurs la visitaient.
Aujourd'hui, deux filles de Madame Arsenault, une veuve et l’autre célibataire, demeurent à la maison paternelle. Elles connaissent un certain nombre de
chansons qu'elles tiennent de leur mère et de leur grand-mere.
La contribution faite à notre recherche par Mada- me Félicien Arsenault (née Alma LeClair), de Saint-Hu- bert, et celle de sa sœur Lucy Arsenault de Chelsea (Massachusetts, États-Unis), sont très importantes. En- semble elles ont mis par écrit, vers 1967, quatre com- plaintes locales qu'elles avaient apprises de leur mère,
9. Coll. Georges Arsenault, ms. 182. 10. Ibid.
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