supposément une grande chanteuse. En 1971, nous avons rencontré Alma de qui nous avons enregistré, sur bande magnétique, deux de ces complaintes ainsi que plusieurs autres chansons.

Ces deux femmes avaient transcrit ces complain- tes à l'intention de Hélène Arsenault de Saint-Gil- bert. Elle était à la recherche des paroles de ces chan- sons qu'elle avait déja entendues mais qu'elle n'avait pas retenues. En effet sa mere, Marie Bernard, était une grande chanteuse qui connaissait plusieurs complaintes locales. Madame Arsenault a quand mèê- me pu m'en chanter quelques fragments. Par ailleurs, elle a conservé dans sa mémoire un nombre impres- sionnant de chansons folkloriques apprises autant de sa mère que d’autres personnes, surtout dans les «fac- teries » elle a travaillé pendant plus de vingt ans.

Une autre fille de Marie Bernard, Mélanie Arse- nault, qui habitait depuis longtemps Abram-Village avant sa mort en 1972, était également une excel- lente chanteuse. Sa fille Florence, de qui nous avons obtenu les renseignements, na malheureusement pas retenu les complaintes locales que sa mère savait. Elle se souvient cependant de plusieurs chansons que sa mère chantait à longueur de journée tout en faisant son ménage. Lorsqu'elle filait au rouet, elle inter- prétait surtout des chansons langoureuses. Chan- ter faisait tellement partie de ses habitudes qu'elle ne put faire autrement que de fredonner quelques airs pendant qu'elle filait, même le jour de l'enterre- ment de son deuxième mari. Le fils adoptif de son mari qu'elle venait d’enterrer, ne put tolérer cette at- titude de sa belle-mère qu'il qualifia d'irrespectueuse. Cela causa une énorme querelle dans la famille. D a- près Florence, il ne fallait pas croire à un manque de respect de la part de sa mère: «C'était dans elle, elle faisait rien de mal. Elle avait soigné Ferdi- nand jusqu'à ce qu'il ayit mouri...'t»

d°1: Coll. Georges Arsenault, enreg. 1199.

76