pour toute la durée de la saison de pêche qui s'éten- dait, vers 1880, du 20 avril au 20 août'°.
La main-d'œuvre dans ces usines comprenait des personnes de tout âge. Selon plusieurs informateurs, les employés, au début de cette industrie, étaient généralement des gens venant de familles pauvres qui cultivaient peu la terre et qui dépendaient presque uniquement de ces revenus pour vivre. À cette époque l'assistance sociale était inexistante. Les veuves char- gées d'enfants se voyaient obligées d'aller s engager pour faire vivre leur famille.
La plupart de nos informateurs qui ont travaillé dans les «homarderies » nous ont dit qu'ils y ont appris beaucoup de chansons. Au dire de Léah Maddix, c'était la un des seuls divertissements : «Entre les filles on chantait un sérieux coup. Dans ce temps-là il y avait pas aucune façon de musique. Personne avait de radio, ni rien 6.» Madame Hélène Arsenault de Saint-Gilbert a bien connu les «facteries » pour y avoir travaillé pen- dant vingt ans. Elle s'engagea à différents établisse- ments notamment à Abram-Village, à Saint-Chrysos- tome, à Rustico, et même à Bayfield en Nouvelle- Ecosse. Pour passer les soirées «on chantait puis on contait des histoires » nous a-t-elle raconté’. Madame Albénie Gallant a aussi travaillé pendant plusieurs an- nées dans les «homarderies ». Elle dit y avoir entendu plusieurs complaintes dans ces endroits: «Moi, où ce que je les ai entendu chanter, c'était aux facteries. On allait à la facterie à Naufrage, là... On était des bandes, bien sûr, puis une chantait une chanson puis une chantait d'une autre manière!8.»
Les «facteries» furent aussi des lieux où l'on composa des chansons, surtout du genre comique.
15. «L'industrie du homard», Le Moniteur acadien, 20 juillet 1882, p. 2.
16. Coll. Georges Arsenault, enreg. 1081. 17. Ibid., enreg. 1182. 18. /bid., enreg. 1196.
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