À Baie-Egmont, l'auteur par excellence était Thomas Arsenault, ou «Tom Magitte» de son surnom. Il tra- vaillait à la «homarderie» de Joseph Gallant à Saint- Chrysostome. Ses chansons étaient surtout composées sur des membres du personnel de cet établissement. D. Extinction progressive de la transmission Plusieurs facteurs ont pu influencer la trans- mission des complaintes. En premier lieu, les chan- teurs traditionnels, comme le dira G. Malcolm Laws dans son ouvrage, Native American Balladry. A Des- criptive Study and a Bibliographical Syllabus, ont ten- dance à oublier les complaintes qui n'ont plus beau- coup de signification pour eux!°. En effet, une com- plainte perd de sa valeur sentimentale aupres des interprètes et des auditoires au fur et à mesure que l'événement relaté s'éloigne temporellement d'eux. En conséquence, la chanson sera de moins en moins demandée et de moins en moins chantée. Ce facteur pourrait surtout expliquer le petit nombre de com- plaintes que nous connaissons pour la période avant 1850. L'étendue de la diffusion d'une complainte à la suite de sa création constitue un deuxième élément essentiel à sa transmission. !| est de premiere impor- tance que la chanson ne demeure pas connue de l’auteur seulement. Au contraire, il faut qu'il la chante souvent pour permettre à des intéressés de l’apprendre et de la faire circuler à leur tour. Les complaintes composées dans la deuxième moitié du XIX° siècle ont certes été avantagées de ce côté. À cette époque la vie rurale à l'Ile-du-Prince- Édouard était encore peu atteinte par le genre de vie moderne et la culture traditionnelle était en pleine effervescence. Ainsi, les chansons traditionnelles 19. G. Malcolm Laws, Native American Balladry. À Descriptive Study and a Bibliographical Syllabus, p. 48. 80