étaient encore tres en vogue. Les complaintes de composition locale avaient donc l’occasion de se faire entendre et de se laisser apprendre.

Le XX° siècle n'a certes pas favorise autant les auteurs de complaintes. On sait bien que la tradi- tion orale a perdu beaucoup de terrain depuis le dé- but du siecle. La venue des mass-média, l'urbanisa- tion, le développement dans le domaine de l'édu- cation, sont autant de facteurs qui ont contribué à la régression vertigineuse de la tradition orale. Pro- gressivement, les auteurs de chansons locales se sont faits rares. Ceux qui maintenaient la tradition réus- sirent mal à diffuser et à transmettre leur production. Cela est evident lorsque l'on considere que cinq des douze complaintes composées depuis 1900 n'ont pas été recueillies et quelles ont probablement disparu avec leur auteur. À cela, ajoutons que trois complain- tes furent recueillies uniquement des auteurs.

Il va sans dire que l'écriture est aussi un atout a la diffusion et à la conservation d’une combplainte. Mise en écrit soit par l’auteur, soit par une autre personne, elle a l'avantage de circuler facilement et d'être conservée sans être chantée. Cependant, à la lumiere de nos recherches, nous pouvons affirmer que l'écriture a joué un rôle plutôt restreint dans la trans- mission et la conservation des complaintes qui retien- nent notre attention dans cette étude.

Un autre facteur pouvant influencer la transmis- sion d'une complainte a trait à la qualité de son texte. De fait, une chanson, composée de façon à ce qu'elle soit facile à mémoriser et comportant un nombre res- treint de vers, est apte à mieux se transmettre qu'une chanson revêtant les caractéristiques opposées.

2. La diffusion des complaintes à l'extérieur de l'Île

Les Acadiens de l'Île-du-Prince-Édouard, malgré leur isolement géographique, ont toujours maintenu

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