Eugène qui était là, le voyant inanimeé, Il a couru à lui, c'est pour le dégager. *°
Dans la plupart des autres versions, c'est un Joseph qui fut le premier à venir en aide au bücheron blesse. Comment s'explique cette unique variante ? Selon des renseignements recueillis à Baie-Egmont, la personne en cause était Eugène Arsenault, de Saint-Hubert, qui travaillait dans le même camp forestier que Jérôme. Ce serait lui qui aurait introduit la complainte dans Baie-Egmont3!. Cela nous suggère qu'Eugène lui- même aurait pu être l’auteur de cette variante.
Il est rare de recueillir une version d'une com- plainte qui soit complète. Cela peut s'expliquer par le grand nombre de couplets que comprend généra- lement une chanson de ce genre. Certains chanteurs ne retiendront que les strophes principales laissant alors tomber celles qui ajoutent peu au récit. Un bon exemple figure dans les versions de Firmin Gallant. La plupart des huit versions ne contiennent pas les couplets 4, 5, 6, 7 et 8 où la victime formule des prières et fait ses adieux. Cela se produit aussi dans Pierre Arsenault. Ici, les couplets 10, 12, 13, 14 et 17 manquent à plusieurs versions. Ce sont aussi des couplets qui ne renferment aucun élément impor- tant à l'histoire de la tragédie.
La tendance à ne retenir que les couplets les plus narratifs est encore évidente dans Joachim Arsenault. La version de Madame Arcade S. Arsenault?2 ne retient que les couplets 1, 2, 7, 8, 10, 12, et pourtant on a l'impression qu'elle est complète. L'autre version com- prend dix-sept couplets. Elle fut recueillie par le père
30. Coll. Georges Arsenault, enreg. 19. Recueillie à Abram-Village de Madame Augustin P. Arsenault, née Lucille Poirier, 79 ans, en mai 1971. Elle obtint les mots de Madame Félicien Arse- nault de Saint-Hubert.
31. /bid., ms. 176. Renseignements de Sophie Hashie, née Arse- nault fille d'Eugène Arsenault. Selon elle, son père com- posa cette complainte.
32. lbid., erireg. 642.
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