et pour en dégager les principales variantes, nous nous appliquerons à comparer les quatre versions que nous connaissons. || sera également question d'’éluci- der chacun des faits relatés en produisant à l'appui, dans la mesure du possible, des documents histo- riques.
Le premier couplet n’a été conservé que dans la version du pere Pierre-Paul Arsenault. Il renferme le thème principal de la complainte, soit l'exploitation des Acadiens par leurs voisins anglophones :
Qui est la cause que nous sont ici ? C'est les mauvais gens de notre pays. Tout d’une bande
Contre les Acadiens
Et tous ensemble
Ils vivons de nos biens. (A)
Une certaine ambiguïté se présente des le premier vers. Est-ce que le mot «ici» désigne Malpèque ou Baie-Egmont? D'un côté il est possible que l'au- teur voulut dire Malpèque. Nous savons qu'après la Déportation, les Acadiens s'installerent sur les lots 13 et 14, et qu'en 1770 le gouvernement Patterson les fit déménager sur son territoire, le lot 1748. On ne doit pas négliger toutefois la possibilité que l’auteur pensait à Baie-Egmont en composant ce vers. Rap- pelons-nous que l'auteur sy trouvait lorsqu'elle composa sa chanson, et que les mauvais traitements des propriétaires anglais étaient la cause de leur émi- gration.
Les personnes que l’auteur qualifie de «mauvais gens de notre pays» sont sans doute les Anglais du lot 17. L'abbé Angus B. MacEachern écrivait en 1813 à son évêque, Monseigneur Plessis: «Je suis peiné d'apprendre que les pauvres Acadiens du Lot 17 se préparent à déménager à Baie-Egmont dans le Lot 15.
48. Voir p. 98.
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