Une tradition toujours vivante parmi les Acadiens relate comment un des premiers tenanciers du co- lonel Compton, nommé Joseph Arsenault, trouva, un certain soir qu'il rentrait de son travail, un avis placardé à la porte de sa grange le menaçant de violence s'il ne vidait pas les lieux immédiatement. La note, attachée à l'aide d'une fourche à foin, avertissait le propriétaire de la grange qu'il risquait un traitement pareil s'il retardait son départ.f1
Selon le père Macmillan, Joseph Arsenault était
en quelque sorte le chef de file de la commu- nauté acadienne à Malpèque:
Monsieur Arsenault était un homme d'influence considérable dans la communauté. Il était dans un certain sens un leader parmi les siens. Il défendait leurs droits avec audace et parlait avec une fran- chise brutale lorsque venait le moment de condam- ner leurs erreurs. Il résista à l'agression des Anglais, faisant face à ces avides immigrants dans leurs efforts pour prendre possession des fermes produc- tives des Acadiens. Il était donc nécessaire que les agresseurs se débarrassent de lui à cause de son évidente hostilité. 2
Cet incident dont Joseph Arsenault fut victime
inspira probablement l’auteur d'une autre page d'his- toire acadienne, celle-ci publiée dans L'Impartial illus- tré en 1899. Cette publication soulignait le centenaire de la fondation de la paroisse de Tighish. En voici un extrait :
61.
Ces fils de la fière Albion sachant que les con- ditions de la paix qui avait mis fin aux hostilités ne leur permettaient plus de livrer une guerre ouverte, eurent recours aux moyens les plus vils et continue- rent contre les Acadiens une persécution systéma- tique pour leur faire abandonner leurs belles terres
Rev. John C. Macmillan, The Early History of the Catholic Church in Prince Edward Island, p. 175. Traduction de l'auteur.
62. Ibid.
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