prend deux genres de strophes de six vers ainsi que deux mélodies distinctes.
Les onze premiers couplets de forme hétéromé- trique sont caractérisés par la formule strophique 10-10-5-6-5-6. Quant à la rime, elle suit la formule aabcbc. Les quatre dernières strophes comportent une mesure plutôt irrégulière, comptant souvent sept ou huit pieds. Ici, c'est la rime sans alternance qui est employée.
La mélodie des premières strophes, dont nous n'avons pu identifier le timbre, est plutôt du genre solennel alors que celle qui suit est beaucoup plus légère. Il s’agit d'un air bien connu qui a servi de mélodie à plusieurs chansons comiques d'origine aca- dienne®S. Ce timbre est aussi la mélodie de la chanson traditionnelle Quand trois cannes S'en vont aux champs ‘®.
Il serait intéressant de savoir ce qui inspira cette forme à l’auteur de la chanson. Madame Emmanuel Gallant nous dit que la «petite Julitte», trouvant sa chanson trop longue, décida d'en rompre la monotonie en donnant une nouvelle mélodie aux derniers couplets.
Le scénario de cette chanson revêt les caracté- ristiques générales dépistées pour l'ensemble des complaintes composées à l'Ile-du-Prince-Edouard. Il y a d'abord l'introduction qui prend ici une forme parti- culière: l’auteur introduit le sujet par une question et une réponse. Du deuxième au onzième couplet, le plan narratif prend une grande importance. L'au- teur y relate, dans un style assez direct, l'expérience dramatique vécue par sa famille. Pour ce qui est de l'aspect émotif, on le retrouve notamment dans les Strophes douze et treize dans lesquelles l’auteur
65. Voir «Faux-Manche», Anselme Chiasson et Daniel Boudreau, Chansons d'Acadie, 4° série, s.1., [1972], p. 10: coll. Georges Arsenault, enreg. 203, « Marie à Jude ».
66. Chiasson et Boudreau, Chansons d'Acadie, 3° série, Montréal, La Réparation, [1946], p. 8.
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