dévoile ses sentiments face aux événements qui lui sont arrivés. Enfin, dans la conclusion qui englobe les deux derniers couplets, l’auteur s'identifie et s’ex- cuse de ne pas bien chanter.

La plus grande partie de la complainte est com- posée à la première personne du pluriel. Ce «nous » représente successivement les Acadiens de Malpe- que, les fondateurs de Baie-Egmont, et la famille de l’auteur.

Le vocabulaire est relativement simple, mais on y

trouve par contre quelques expressions à tendance lit- teraire, telles les suivantes :

À la fureur de ces lions Qui ont dessein d'agir en trahison (A)

De la fureur De ces loups enragés. (A)

Ciel pour nous quel triste sort Si notre père eut été mis à mort. (A)

La conjugaison des verbes varie d’une version à une autre; tantôt on emploie le passé simple, tantôt le passé composé. De même, la conjugaison obéit parfois aux règles du français standard et quelques fois à celles du parler populaire acadien. Nous pour- vons illustrer cela en mettant en parallele le premier vers du cinquième couplet des quatre versions:

La première année qu'on a été ici (A)

La première année qu'nous furent ici (B) Première année que j'ons venu ici (C)

La première année que nous sommes ici .. (D)

Somme toute, nous constatons que la chanson a le caractère d'une composition populaire créée de toute évidence par une personne analphabete.

En terminant l'étude de cette complainte, nous devons à nouveau souligner son importance histo- rique. Elle constitue, en tant que document, un apport important à l'étude de la petite histoire des Acadiens de l’Île-du-Prince-Édouard.

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