notre connaissance, ce fut le premier meurtre com- mis chez les Acadiens insulaires. La chanson composée d’après ce drame est en- core chantée de nos jours. Jusqu'à présent elle a été recueillie en vingt-six versions, et ce, dans l'Ile-du-Prin- ce Édouard, dans le Nouveau-Brunswick et dans le Québec. Les versions québecoises proviennent des îles de la Madeleine, de la Gaspésie et de la Côte Nord, soit des «petites Acadies québécoises ». De toutes les versions recueillies, aucune n'est complète. Celle de Placide Vigneau, de Havre-Saint- Pierre, compte le plus de vers, soit quarante-deux. Par contre, en comparant les vingt-six versions, on peut dégager cinquante-quatre vers différents. Nous remarquerons que les quatre versions recueillies à l'Île-du-Prince-Édouard, c'est-à-dire à leur lieu d'ori- gine, sont fragmentaires. Quoique nous n'ayons pu en- registrer que quelques versions fort incomplètes, plusieurs insulaires nous ont assuré qu'ils avaient déjà entendu chanter cette chanson par des personnes aujourd'hui décédées. La complainte Le meurtrier de sa femme s'avère donc mieux conservée à l'extérieur de l'Ile-du-Prince- Edouard. Le Nouveau-Brunswick se distingue avec dix- sept versions dont la plupart ont été recueillies dans les comtés de Gloucester et Northumberland6. La popularité de cette chanson dans le Nord-est du Nou- veau-Brunswick pourrait peut-être s'expliquer du fait que les parents de Xavier, et quelques-uns de ses frè- res, habitaient cette région où l'on retrouve encore aujourd'hui de leurs descendants. Notons que la mère de Xavier est décédée à Shippagan le 13 avril 18147. 6. Nous voulons témoigner ici notre reconnaissance envers nos amis folkloristes, Robert Bouthillier et Vivian Labrie, pour leur contribution à cette étude. Au cours de leurs enquêtes dans le Nord-est du Nouveau-Brunswick en 1976, ils ont demandé à leurs informateurs Le meurtrier de sa femme et en ont enre- gistré onze versions qu'ils ont eu l'amabilité de me commu- niquer. 7. Gallant, op. cit., p. 33. 119