Après ce grand carnage, retourne à sa maison Ne faisant pas mine de sa trahison. (X)

La chanson folkorique A/exandre, qui met aussi en scène un meurtrier, contient deux vers étonnam- ment semblables à ceux que nous venons de citer. Ce qui surprend davantage c'est que les expressions «çarillon» et «trahison» se remplacent l'une pour l'au- tre de version en version, tout comme nous l'avons observé dans Le meurtrier de sa femme. Des extraits de deux versions d'Alexandre illustreront ce fait:

Je m'en retourne à la maison Sans faire mine de mon carillon.75

Je m'en allai à la maison Le cœur contri de ma trahison.’7

Si nous nous en tenons au rapport du procès pour connaître le déroulement de la tragédie, nous nous apercevons que les dix-septième et dix-huitième vers ne sont pas tout à fait conformes à la vérité. Ces deux vers renferment les renseignements suivants:

Puis il dit ensuite à ses petits enfants Je vas prendre la fuite voilà mon argent. (X)

Xavier ne prit pas la fuite aussitôt le meurtre com- mis contrairement à ce que semble vouloir dire ces vers. Victor, son fils d'environ treize ans, déclara pen- dant le proces qu'il alla à la recherche de sa mère avec son père le jour même du meurtre ainsi que le lende- main. Cependant, il dit ne pas être certain d'avoir vu son père pendant la journée du samedi78, jour il prit probablement la fuite.

Quant à l'argent qu'il donna à ses enfants, il leur en aurait fait part la veille du meurtre, et ce, toujours selon le témoignage de son fils:

76. CEA, coll. père Anselme Chiasson, enreg. 400. Chanson re- cueillie d'Allan Kelly, Beaverbrook, N.-B., le 18 septembre 1959.

77. AF.coll.J.-T. LeBlanc, ms. 850. Textte fourni par Madame Étienne Arsenault, Waltham, Massachusetts, É -U.

78. The King vs Francis Xavier Galant.

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