AVANT-PROPOS Lorsque j'aicommencé mes enquêtes en folklore en 1971 àl’Île- du-Prince-Édouard, Léah Maddix a été l’une des premières person- nes que j'ai enregistrées. À cette époque, je ne la connaissais pas personnellement, mais je me rappelais l'avoir entendue chanter quelques chansons à la salle paroissiale de Baie-Egmont en 1967, lors d’une fête de la Mi-Carême organisée dans le cadre des célébrations du centenaire de la Confédération canadienne. Ma mère, par contre, connaissait Madame Maddix. C’est donc elle qui m'a fixé un premier rendez-vous avec cette chanteuse qui allait devenir une de mes principales informatrices en folklore et une bonne amie. En allant enquêter auprès de cette dame de 72 ans, j'étais loin de m'imaginer que j'allais rencontrer une personne qui possédait un bagage aussi riche de traditions populaires. J'ai été agréablement surpris d'apprendre que Léah connaissait non seulement de nom- breuses chansons traditionnelles, mais qu'elle composait également ses propres chansons et qu’elle conservait un impressionnant réper- toire de contes. J'allais aussi apprendre qu'elle avait été sage-femme en plus d'accueillir dans son foyer une quinzaine d'enfants de la Protection à l'enfance. Elle résumait un jour sa vie de la façon suivante : «J'ai fait tout ce qu'on peut s’imaginer. J'ai pas eu d'éducation, mais j'ai servi pareil.» Léah Maddix était une femme accueillante, sympathique et très joviale, C'était vraiment une joie d’être en sa compagnie. Elle aimait