UNE FEMME AMOUREUSE DE LA VIE 25 
     
    
   
   
    
     quelque 15 kilomètres de sa famille, où elle allait demeurer pendant 
     
     les 36 prochaines années. À Saint-Gilbert, agglomération d’une 
     
     vingtaine de familles, on vivait principalement de l’agriculture. Le 
     
     petit district avait sa propre école qui accueillait environ 20 élèves. 
     
    
   
   
    
     À l'instar de son père, Alyre a choisi de se faire cultivateur. Sa 
     
     terre d’une centaine d’acres [40 hectares] ne comprenait pas une 
     
     grosse ferme, mais elle suffisait à faire vivre convenablement sa 
     
     famille. Alyre cultivait du foin, plusieurs acres de grains (avoine et blé) 
     
     et quelques acres de pommes de terre. Bien sûr, il y avait un jardin 
     
     potager qui était avant tout la responsabilité de Léah. Sur la ferme, on 
     
     pouvait trouver deux ou trois vaches, autant de chevaux, quelques 
     
     veaux, des moutons, des cochons et un nombre assez élevé de poules. 
     
     Enfin, il y avait assez pour se nourrir et même un petit surplus pour 
     
     vendre. 
     
    
   
   
    
     À trois jours seulement de son deuxième anniversaire de 
     
     mariage, le 2 septembre 1930, Léah a donné naissance à son premier 
     
     enfant, une fille qu’elle a nommée Florence. Ce bébé est malheureu- 
     
     sement décédé trois mois plus tard d’une malformation intestinale 
     
     qu'on appelait à l’époque les fripes noquelées. Le coup a été dur pour 
     
     Léah qui a eu beaucoup de problèmes à enfanter par la suite, faisant 
     
     cinq fausses couches consécutives. «J'ai été bien désappointée, disait- 
     
     elle, parce que j'aimais bien les enfants.» Tenant absolument à avoir 
     
     une famille, Léah et Alyre ont donc décidé d'accueillir chez eux, vers 
     
     1935, une petite fille de cinq ans venant de l’orphelinat du diocèse 
     
     de Charlottetown. Elle s'appelait Roma Heron. Même s'ils ne l’ont 
     
     pas adoptée, elle est demeurée avec eux jusqu’à l’âge de 17 ans. En 
     
     1938, dix ans après son mariage, Léah a eu le bonheur de donner 
     
     naissance à une deuxième fille qu'elle a baptisée Florence à la 
     
     mémoire de sa première-née. En 1940, deux ans plus tard, les 
     
     Maddix se réjouissaient de l’arrivée de leur troisième et dernière 
     
     enfant, Marie. 
     
    
   
   
    
     Léah m'a confié à quelques reprises comment son mariage avait 
     
     été difficile au début. Alyre avait souvent l'habitude de boire et de