28 PAR UN DIMANCHE AU SOIR

Elle avait pas pris de cours, mais elle coudait pareil. Elle aimait coudre, brocher, faire des couvertes...

Le recyclage était une nécessité absolue à l’époque. Léah pouvait bien acheter du tissu pour confectionner un vêtement pour une occasion spéciale, mais en autant qu’elle le pouvait, elle faisaitses vêtements et ceux des enfants à partir de vêtements usagés. Elle profitait énormément des boîtes de vêtements que ses sœurs lui envoyaient des États-Unis. Comme me disait Florence, «quand qu’on voyait une boîte arriver, c'était une moyenne excitation!» Si les vêtements n'étaient pas de la bonne taille, Léah pouvait facilement faire les ajustements nécessaires, et ainsi la garde-robe de la famille était vite renouvelée.

Léah se sentait mal quand elle dépensait de l'argent pour acheter des vêtements qu’elle pouvaitelle-même confectionner à peu de frais et, selon elle, d’une qualité égale sinon supérieure. C'était à son avis un véritable gaspillage d'argent. Pour les jeunes filles, cependant, rien n'équivalait à une robe ou à un chandail provenant du catalogue Eaton ou Simpson. À leurs yeux, c'était le grand chic qui leur était ainsi accessible. Marie raconte :

Je me souviens, une fois, elle avait fait venir une robe. Je me souviens encore comment elle était faite. J'étais vraiment excitée; j'allais avoir une robe. Puis quand elle a arrivé, maman a regardé ça puis elle a dit : (Je peux en faire une plus belle moi- même.» Elle avait tout pris le patron, elle a retourné la robe puis elle en avait fait une. Bien là, j'avais braillé. J'étais toute petite. C’aurait été ma première et seule robe achetée.

C’est des affaires que je m’en souviens vraiment, que ça me manquait. Mais à part de ça, elle nous faisait du beau linge. On avait tout le temps beaucoup de linge quand on était petites.

Effectivement, Léah était coquette et elle n’épargnait pas la dentelle, les beaux boutons et autres garnitures sur les robes de ses enfants comme surles siennes. Elle avait d’ailleurs un goûtou unstyle qui lui était propre. À Saint-Gilbert, quand on voulait décrire une robe garnie de frivolités, on disait : «Ça ressemble les robes à Léah.» De plus, elle aimait beaucoup se maquiller et porter des bijoux. Elles ne

sortait jamais sans un collier, des boucles d'oreilles et une belle broche.