30 PAR UN DIMANCHE AU SOIR et une bonne quantité de bouillon. Parfois, on y ajoutait des pâtes. Le tout était bien assaisonné avec du sel, du poivre et de la sarriette. Le mets était confectionné pendant la soirée, même que l’on commen- çait par tuer et plumer la volaille. Léah se faisait un plaisir de préparer le fricot pour sa jeune compagnie. Les jeunes tenaient un fricot surtout le samedi soir. Il faut noter qu’à l’époque, en milieu rural, il n’y avait presque aucune activité organisée spécifiquement pour les jeunes, même les patinoires paroissiales n’existaient pas. Les principales rencontres se dérou- laient alors dans les maisons privées, là où l’on voulait bien accueillir Ja jeunesse. Léah aimait aussi recevoir les amies et amis de ses filles pour de gros repas, comme pendant le temps de Noël ou les jours gras. Elle aidait aussi ses filles à organiser la soirée des Rois, le 6 janvier. «Elle aimait ça fêter de quoi comme ça, raconte Florence. J’avons fait ça plusieurs fois, fêter les Rois.» Léah avait tellement souffert pendant sa jeunesse de la rigidité de sa mère qu'elle s'était probablement promis de ne pas faire subir le même sort à ses propres enfants. Si Léah était une femme de fête, elle était aussi une véritable animatrice. Sa fille Florence en témoigne : Elle aimait tout le temps organiser de la jun. Elle était vraiment divertissante. Aux assemblées de femmes puis tout Ça, ils étiont tout le temps contents quand elle y allait parce qu'elle cherchait tout le temps à faire de quoi pour avoir du divertissement. Ils disiont : «Si on veut de la fun, allons chercher Léah Maddix.» Elle avait constamment besoin d’être entourée de gens, comme me disait Marie : Ça prenait vraiment de la visite. Quand on était petites, il y avait pas de téléphone. Quand j’avions pas de visite, j'allions chercher Philippe, le voisin. Il était handicapé. J'allions y demander s’il viendrait jouer aux cartes. Maman nous envoyait. On nous envoyait faire des invitations à pied. Si on allait deux ou trois soirs sans visite, c'était terrible! On pouvait aussi compter sur l’institutrice du village pour les parties de cartes, car souvent elle était pensionnaire chez les Maddix.