34 PAR UN DIMANCHE AU SOIR siste. On se rappelle notamment la fois où un enfant a été opéré de l’appendice. Léah a aussi souvent accompagné le médecin pour les accou- chements à domicile, ce qui était la norme jusqu’au début des années 1950. Elle mérite d’ailleurs le titre de sage-femme, car en plus de faire quelques accouchements seule, elle passait un certain temps avec les mères avant et après la naissance de l’enfant. Voici ce qu’elle racontait à Gérard LeBlanc de Radio-Canada : J'ai mis passé trente bébés dans le monde. J'en ai mis quatre toute seule et puis le reste avec le docteur. Il y avait docteur Reid et puis il y avait docteur Delaney. Je restais avec la femme pour une semaine des fois, jusqu’à temps qu’elle peuve se lever. Parce que dans ce temps-là, les femmes, fallait qu’elles restiont couchées neuf jours. Ça, ça se manquait pas. Une était pas supposée de se lever avant neuf jours. Léah a surtout aidé ses voisines, mais aussi quelques familles ailleurs dans la paroisse. «Elle était encourageante», de dire Roséline Maddix, amie et voisine, qui a profité des services de Léah comme assistante du médecin à la naissance de chacun de ses enfants. Normalement, dans le cas de ses voisines, Léah ne demeurait pas de garde après la journée de l'accouchement. Elle s’en allait vaquer à son ménage, mais retournait dans les jours suivants donner un coup de main à l’accouchée. Léah avait du sang-froid et elle n'était pas une personne nerveuse. Puisqu'elle avait confiance en ses habiletés, elle se sentait assez compétente pour faire au besoin un accouchement toute seule. Elle racontait, par exemple, le cas du plus jeune de son amie Margaret qui est venu au monde le cordon ombilical autour du cou et presque sans vie. Le cas était compliqué, mais en suivant les instructions que le docteur lui avait déjà données pour une situation pareille, elle a réussi à lui sauver la vie. Quand le docteur Reid est enfin arrivé, il lui a pompé l'estomac et le nouveau-né s’est bien porté par la suite. Léah m'a aussi raconté qu’elle avait ondoyé quelques bébés naissants, c’est-à-dire qu’elle leur avait fait un baptême privé parce qu'elle craignait pour la vie de l'enfant. Dans au moins un cas, ses craintes se sont avérées justifiées.