UNE FEMME AMOUREUSE DE LA VIE 39
des contes et, pour les inciter à se coucher et à dormir, elle leur promettait un petit quelque chose, comme des arachides. «(On voyait pas tout le temps le sac de peanuts, se rappelle Gloria. C'était un petit tour qu'elle nous jouait.» Léah les invitait aussi à prendre des repas chez elle. «Elle nous appelait tout le temps : “J'ai ça aujourd’hui, venez-vous souper?” On y allait, parfois deux ou trois, de temps en temps, on y allait tous.» Enfin, ils allaient à l’occasion coucher chez leurs grands-parents simplement pour le plaisir, et ils s'y rendaient souvent en promenade, amenant leurs petits amis du voisinage qui affectueusement appelaient Léah «Mémé Maddix».
Les petits-enfants étaient particulièrement fiers de grand-mère lorsqu'elle était invitée à leur école pour parler de son enfance et raconter des histoires. «Je savais quoi ce qu’elle avait conté, me disait Darlene. Je les avais entendues en masse, mais j'étais tout excitée quand même.» Pour Léah, ces rencontres avec les élèves de l’école élémentaire Évangéline étaient très spéciales. Elle était toujours heureuse d'accepter l'invitation d’une institutrice, et elle consignait dans un petit carnet les dates de ces visites qu’elle acommencé à faire
à la fin des années 1970.
En grandissant, les enfants ont maintenu un lien très étroit avec leur grand-mère. Ils trouvaient que, malgré son âge avancé, elle pouvait bien communiquer avec eux, car elle comprenait assez bien leur mentalité. Léah critiquait peu leur façon de faire les choses, notamment leur manière de se vêtir Elle disait souvent : «C’est de même que c’est à cette heure. Nous autres, dans notre temps, c'était pas comme Ça.» Gloria raconte qu'elle se sentait à l’aise de lui parler de ses fréquentations, et Léah lui disait qu'elle n’avait pas besoin de se sentir obligée de toujours sortir avec le même garçon. «Il me semblait que je pouvais lui dire n'importe quoi. C'était drôle pour moi d'une manière, quand je pensais que je pouvais parler comme ça à ma grand-mère.» D'ailleurs, Gloria me soulignait que, devenue jeune femme, elle la visitait fréquemment, et ce n'était pas par devoir : «Je trouvais Ça intéressant d'aller parler avec grand-mère, pas nécessairement parce que c'était une vieille qu'il fallait aller voir. Elle