CHAPITRE 2 C'ÉTAIT PAR UNE BELLE JOURNÉE

La composeuse de chansons

«C'est pas à cause que je suis smarte. Ca vient tout seul. C’est drôle. Pareil comme si j'étais douée, ça vient tout seul. J'ai pas besoin de penser.» C'est en ces mots que Léah Maddix, auteure d’au moins 18 chansons, expliquait son talent de «composeuse de chansons».

C'est tout à fait par hasard que j'ai découvert le texte d’une de ses Chansons, et cela, avant même de la rencontrer. C'était au mois de mai 1971. Je venais de terminer ma première année d’études à l’Université de Moncton j'avais été initié au folklore par la lecture des publications du père Anselme Chiasson. Étonné de tout ce qu’il avait pu recueillir dans son village natal de Chéticamp, en Nouvelle- Écosse, je me suis proposé de sonder les gens de mon propre village

pour voir si on avait conservé des chansons et des contes tradition- nels.

J'ai fait ma première enquête chez une voisine, Lucille Arsenault, âgée alors de 79 ans, qui m'a chanté quelques chansons. En feuille- tant un cahier de chants qu’elle gardait sur son harmonium, j'ai trouvé sur une feuille les paroles d'une complainte composée sur la noyade d’un jeune homme du village, Aimé Arsenault. Lucille ne se