LÉAH MADDIX, LA COMPOSEUSE 51 ni d'étudier la grammaire et la syntaxe du français standard. À l’époque, et jusqu’à assez récemment, le programme d’enseigne- ment dans les écoles acadiennes de l’Île était officiellement anglais, bien que le ministère de l'Éducation ait toléré l’enseignement de la lecture et de la grammaire françaises comme langue première. Toutes les autres matières étaient enseignées avec des manuels anglais, et dès la première année, l'élève apprenait les rudiments de la langue anglaise. Voilà pourquoi la plupart des gens, comme Léah d’ailleurs, sont plus à l’aise à écrire l’anglais que le français, même si le français est leur langue maternelle et leur langue d'usage. Il faut noter que Léah Maddix a composé ses chansons selon la tradition orale. Ses textes ont été faits pour être entendus et non pour être lus. Elle n'a donc pas fabriqué ses chansons comme une poète aurait écrit des poèmes. Elle a beaucoup fait usage de contractions et elle a employé sans gêne l'accent local pour obtenir une rime, comme dans l'exemple suivant : Ah! dans l'allée, c'était coulant [glissant] Kate a tombé toute son lang. [long] Pour faciliter la lecture des textes, j'ai évité d’en faire une transcription phonétique. J'ai opté pour une transcription où les contractions sont limitées {sauf dans le cas des couplets qui accom- pagnent la notation musicale) et où les mots sont écrits selon la prononciation standard, à l'exception des cas où la rime respecte l'accent local. Par ailleurs, je n’ai pas modifié le vocabulaire. Si Léah utilise une langue très familière dans ses compositions, on constate par contre qu'elle utilise deux niveaux de langue. Dans ses chansons comiques, elle emploie avec beaucoup plus de liberté des termes populaires et locaux, expressions qui se prêtent bien à l'esprit du texte. C'est là aussi qu’elle incorpore des mots anglais, tels lively, away, way, car, fit, et d'autres expressions de la langue de Shakespeare souvent conjuguées à la française, comme dans les verbes enjoyé, baké, watché, starvéet drivé. Ces termes, empruntés à l'anglais, arrivent le plus souvent à la fin des vers, et ils riment avec des mots français se terminant en «é». C'est d’ailleurs la rime que