56 PAR UN DIMANCHE AU SOIR beaux-parents, Anicet et Béatrice, où habitait également la sœur d’Anicet, Madeleine Gallant. Célibataire et assez âgée, cette dernière logeait chez son frère et sa famille depuis son retour des États-Unis où elle avait travaillé pendant de nombreuses années. Elle souffrait d’un léger déséquilibre mental, de sorte qu’elle ne comprenait pas toujours ce qui se passait autour d’elle. Quant à Béatrice, la belle-mère, elle était sourde comme un pot. Au début de sa chanson, Léah dit : «On voulait toutes y aller [au frolic] pour avoir une bonne bouchée.» Aldona était effectivement reconnue pour sa bonne table; on pouvait alors s'attendre à un réveillon de première qualité. Mais toutes les femmes de Saint- Gilbert ne pouvaient être invitées. Au plus pouvait-on se placer cinq ou six autour du tapis monté sur le métier, et encore là, on était un peu tassé. De dire Léah : «Des fois, on s’embarrassait [tellement on était tassé, mais] c'était de la /un!» Selon la chanson, sept femmes se trouvaient réunies dans la cuisine d’Aldona ce soir-là, mais de toute évidence, seules les jeunes houkaient. Madeleine et Béatrice, un peu éloignées du tapis, arrivaient mal à suivre la joyeuse conversation des houkeuses. Normalement, les hommes laissaient les femmes en paix, ces soirs de frolics, prenant soin des petits à la maison. Mais surprise! Pendant la veillée, les maris se sont présentés, certains avec leurs enfants. Leur arrivée a d’une certaine façon perturbé la fête. Les artisanes sont devenues moins bavardes, moins forlaques, intimidées par ces intrus. C’est cet incident imprévu qui a poussé Léah à consigner en vers l'événement.