LÉAH MADDIX, LA COMPOSEUSE 73
administrer le sacrement de la bonne mort. Autrement dit, la victime mourait sans être absoute des péchés qu'elle aurait pu commettre depuis sa dernière confession. Dans la plupart des noyades, le corps disparaissait sous les flots pour n'être retrouvé que quelques jours plus tard, parfois même sans jamais être repêché. Selon l’enseigne- ment de l’Église catholique, une personne qui décédait en état de péché était condamnée, selon la gravité de ses fautes, soit à brüler dans les feux éternels, soit à les expier dans le purgatoire pendant un certain temps. On comprend alors la préoccupation des gens expri- mée par la voix des complaintes.
Dans sa chanson sur Aimé Arsenault, Léah Maddix a respecté la forme traditionnelle de la complainte locale. L'introduction, qui comprend les deux premiers couplets, invite les gens à écouter sa chanson et annonce tout de suite qu’il s’agit de la mort d’un jeune pêcheur. Elle ne dévoile pas son nom, maïs elle donne son âge et elle nous dit d'où il vient. Suit le corps de la complainte. Dans un style narratif, elle raconte succinctement les circonstances dans lesquelles la noyade est survenue, l’annonce de la nouvelle à la mère, le repêchage du cadavre et sa remise à la famille. Dans la conclusion, qui regroupe les deux dernières strophes, le nom de la victime est enfin dévoilé ainsi que celui des parents. Et en tout dernier lieu, l’auteure
invite ses auditeurs à prier pour le défunt afin «que son âme soit sauvée).