124 PAR UN DIMANCHE AU SOIR

2. Je veux que ma femme travaille Oui, j'te l'escouerail’badelon, Madelon Madeleine,

et aussi qu’elle se repose. Oui, j'te l’escouerai l’badelon'=. J'veux qu’elle travaille pendant six jours,

le septième qu’elle se repose. Mais à la fin de la semaine, si elle a pas nettoyé mes souliers :

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Combien de chansons Léah pouvait-elle bien connaître? Il est difficile de s’en faire une idée, car elle ne gardait ni de cahiers de chansons ni même une liste de ce qu’elle savait. Sa mémoire était son seul carnet. Évidemment, je suis loin d’avoir recueilli tout son répertoire. Il y à, entre autres, une chanson que Léah chantait souvent à ses enfants qui raconte la triste histoire de la jeune fille qui s'était mariée contre la volonté de ses parents. Un jour de grand froid, son mari enivré la jette dehors avec son bébé. Elle s’en va trouver refuge chez ses parents, mais son père refuse de l’accueillir Le lendemain matin, il la trouve morte sur le perron avec son enfant toujours vivant dans ses bras.

D’après Florence et Marie, leur mère avait tellement peur qu’elles ne trouvent pas de bons maris et qu’elles n’écoutent pas ses conseils qu’elle se servait de cette chanson comme avertissement. D'ailleurs, la morale était parfaitement explicite :

Ceci est une bonne exemple pour les enfants, Vous qui avez des bons parents.

Aimez-les, écoutez-les, ne faites-les pas fâcher Car vous voyez ce qui vient d’arriver!®.

Léah ne m'a pas proposé cette chanson lors de mes séances d'enregistrement, mais je l’ai recueillie de quelques autres informatrices, preuve qu’elle était bien connue et que probablement, à l'instar de Léah, bien des mères la chantaient à leurs filles.

À part les chansons que Léah m’achantées et que j’airecueillies, elle a donné une dizaine de nouveaux titres à quelques autres personnes qui sont venues l'enregistrer. Heureusement, ces docu- ments sont conservés au Centre d’études acadiennes de l’Université de Moncton.