LÉAH MADDIX, LA CONTEUSE 135 me chercher si je n’obéissais pas à ma mère. C'était également le personnage principal d’un conte d'animaux qu'elle me racontait surtout lorsqu'elle tentait de me nettoyer les oreilles, tâche quine lui était pas souvent facile. Dans son conte, qu’elle avait appris de ma grand-mère maternelle, la Marlèche était un personnage mi-animal, mi-humain que j'arrivais mal à me représenter. Il n'y à pas cette confusion dans le conte de Léah. La Marlèche est un oiseau qui pond des œufs dans son nid construit sur une branche. Sa version est brève, mais succulente. Léah nous séduit carrément avec son imitation du chant d'oiseau, imitation drôlement réussie! Non moins impressionnant est son rendement du cri du loup qui déguerpit avec son «fond de culotte» tout déchiré. Elle m’a tellement charmé avec ce conte que je lui ai demandé de me le réciter à trois occasions différentes. Ce récit amené de France est pratiquement inconnu au Canada à extérieur de l’Île-du-Prince-Édouard. Dans la région Évangéline, il a été recueilli à quelques reprises, et plusieurs personnes m'ont confirmé qu'elles l’avaient déjà entendu. On l'appelle parfois Za Marlaise. Il est intéressant de noter que des versions plus ou moins semblables à celles recueillies à l’Île ont été retrouvées en France, et certaines versions portent effectivement le titre La Merlèche“. Enfin, ce conte appartient aussi au Roman de Renart. Voici la version que Léah m'a racontée en 1975.