138 PAR UN DIMANCHE AU SOIR Et puis, ils l’appelaient Ti-Poucet. Ça fait, ils avont été dehors tous les deux puis ils horliont : — Ti-Poucet, où ce que t’es? Ça répondait : — Je suis dans le ventre de la grande vache Minette. — Quoi ce qu’il dit là? Ils l'ont redemandé : — Ti-Poucet, où ce que t'es? — Je suis dans le grand ventre de la grande vache Minette. Ils avont dit : — Je savons où ce qu’il est. Is ont pris un couteau, ils ont coupé le ventre de la grande vache Minette, puis vous pouvez penser, il était sale! Ils l’avont lavé comme il faut puis ils lui avont donné toutes des belles hardes neuves. C'est ça le conte de la grande vache Minette*, Les Crêpes Les cinq contes qui suivent ont été enregistrés en présence d’un public d'enfants. Jusque-là, j'avais fait deux séances d'enregistrement de contes où j'étais seul avec Léah dans sa cuisine et, à une autre occasion, elle m'avait raconté deux de ses récits en présence de ses amies, Florence Bernard et Imelda Arsenault. Le fait de dire ses contes en ma seule présence ne semblait pas la gêner ni nuire à la qualité de Sa présentation, car elle me donnait l'impression qu’elle était à l'aise avec moi. Je voulais quand même la voir se produire comme conteuse dans un contexte plus naturel, c’est-à-dire devant un auditoire d'enfants. L'occasion s’est présentée au mois de juin 1973. Cette année- là, j'avais pu consacrer les mois de mai et de juin à faire des enquêtes en folklore. J'avais obtenu une bourse pour poursuivre mes recher- ches en folklore, ce qui m'a même permis d'embaucher une amie, Réjeanne Arsenault, comme assistante. Nous nous étions aménagé un bureau dans une pièce spacieuse au sous-sol de la salle paroissiale de Baie-Egmont. C’est là que Réjeanne et moi avons accueilli Léah et une demi-douzaine de petits garçons et de petites filles, y compris quelques-uns de ses petits-enfants. Cet après-midi-là, elle a fait défiler