langue. Ces joyeuses assemblées « n'étaient pas sans profit au point de vue intellectuel pour les Français eux-mêmes,
en les aidant, comme elles le firent, à conserver allumée dans cette petite colonie éloignée la lumière du savoir » (1).
Prédicateur de ses compagnons, Lescarbot enseignait aussi le catéchisme aux Indiens, ayant soin d'adapter la doctrine évangélique à ces natures peu habituées à un joug moral. Les Indiens se plaisaient fort auprès des Français : leur chef, Mambertou, qui le premier reçut le baptême avec toute sa famille, mangeait régulièrement à leur table : ces relations cordiales mettaient les deux groupes à même d'apprendre la langue de leurs commensaux. En:1607, Henri IV révoqua pourtant le monopole accordé au sieur de Monts sous prétexte qu’on « n’avait fait aucun chrétien » (2). Obligé de revenir en France, Lescarbot épancha sa douleur dans les « Adieux à la Nouvelle France » et continua à s’intéresser à la colonie lointaine. A ce zélé et spirituel avocat de Paris revient l’honneur d’avoir préparé le terrain à des éducateurs officiels, qui trouveront les Indiens habitués déjà aux Français et à leur langue.
IL — Les Jésuites en Acadie.
En 1608, Pontrincourt, chef de la colonie acadienne, avait déjà refusé d'accepter deux jésuites que lui proposait Henri IV. Comme on ne voulait pas cependant donner un caractère trop laïc à la colonie, l’abbé F léché, prêtre séculier, fut adjoint à l'expédition. Peu de temps après, Lescarbot,
(1) Thibeau, p. 26. * (2) Goyau, p. 15.