Ce babillardes » (1), que dans les austérités de la religion chrétienne. ie Un auteur américain résume fort bien le travail de ces missionnaires : « Le premier souci des Pères fut de construire une chapelle, d'apprendre la langue du pays et d’instruire les Français qui avaient émigré de la vieille France en la nouvelle » (2). Près des Français, tous adultes, sans femmes _ni enfants, le rôle du prêtre se bornerait à leur donner l'instruction religieuse. Mais le ministère devenait beaucoup plus difficile auprès des sauvages ; la cour désirait expressé- ment les voir adopter la langue française en même temps que le catholicisme. L'abbé Fléché avait vu son influence restreinte « faute _ de savoir la langue » ; aussi le malicieux Lescarbot d'écrire au sujet de cet abbé, qu'il retournait en France « sans regret d'abandonner une vigne qu'il aurait plantée » (3). Résolument, les jésuites attaquent la difficulté de front et se mettent immédiatement à l'étude de la langue indienne. Le Père Massé choisit la méthode empirique et s’en va vivre avec les sauvages dans les bois. Il les suit dans leurs chasses, campe avec eux dans leurs wigwams infects, se plie à leurs coutu- mes grossières, parfois même révoltantes. « Un labeur obscur, des privations surhumaines, l'isolement, puis la mort, telle était la perspective du missionnaire » (4). Après quelques mois de cette vie « à la sylvatique » (5), le Père Massé, vrai squelette, ressemblait plus à un mort qu'à un vivant. A . (1) Sagard. IL, p. 368. s (2) Thwaites, préface, p. 24. (3) Thwaites, p. 160 et 167. (4) Parkman (1). I, p. 63. (5) Biard, p. 10.